Mais que se passe-t-il à l’Opéra National de Bordeaux ?
Mardi 11 décembre le ballet a joué Cendrillon sans décor ni éclairage, mercredi 12 décembre le rideau ne s’est même pas levé. Les spectateurs après quelques huées, sont poliment rentrés chez eux – poliment, oui, on n’est pas à la Patinoire – un papier indiquant les modalités de remboursement à la main.
La page fb indique “Préavis de grève de la CGT Territoriaux : la représentation du ballet CENDRILLON du jeudi 12 décembre est annulée.”
Jeudi 13 décembre, Burdigala Presse voulant en savoir plus, rencontre le Secrétaire Général du Syndicat des Territoriaux et représentant du personnel CGT, Monsieur Introvigne. Il est accompagné de Monsieur Schuller siégeant à la commission exécutive de la CGT Territoriale. Au cours des heures passées à essayer de comprendre la situation, Burdigala Presse a rencontré plusieurs membres du personnel de l’ONB ainsi que des spectateurs éconduits mais “pas dupes”.
L’Opéra n’est pas en grève. La Direction fait le choix d’annuler les représentations.
L’ONB est une entreprise publique employant 400 salariés permanents auxquels s’ajoutent presque 1500 contrats d’intermittents du spectacle par an. Cette entreprise subventionnée à hauteur de 77%, génère environ 30 millions d’euros par an. Depuis 2 ans le personnel adresse à la Direction des “cahiers de revendications” portant sur l’application du droit du travail. En l’absence d’accord sur l’ouverture d’un calendrier de négociations, le personnel a déjà posé plusieurs préavis de grève. Aujourd’hui, il constate et regrette que la pleine saison soit la seule période où bénéficier d’un levier réel pour faire bouger les lignes. Dans ce préavis, le personnel – initialement déterminé à assurer chaque représentation – formule deux doléances : s’adresser au public avant chaque représentation, et avoir un médiateur à la table des négociations. La réponse de la Direction est : “nous annulons les représentations”.
Il n’y a aucun gréviste à l’ONB : tout le monde est venu travailler, mais le spectacle a été annulé par la Direction.
Qui va supporter le coût de ces annulations ?
Lorsqu’un spectacle est annulé : chaque spectateur est remboursé et chaque membre du personnel est rémunéré. Une soirée coûterait environ 35.000€. L’ONB est une entreprise subventionnée avec l’argent de nos impôts : qu’il aille à l’Opéra ou non, chaque bordelais paye. Le budget de l’ONB c’est 23% de recettes + 77% de subventions : 4.7M€ du ministère de la culture, 1.5M€ de la Région Nouvelle Aquitaine, 16M€ de la ville de Bordeaux. Les dépenses annuelles sont quasiment équivalentes au budget : cette entreprise ne vit que par nos subventions.
Le prix du silence ?
Quelle est cette vérité que le personnel n’aurait pas le droit de révéler au public ?
Pourquoi monter le public contre le personnel de l’Opéra en sous-entendant un refus de jouer de leur part ?
A qui le Conseil d’Administration rend-t-il des comptes ?
Burdigala Presse a bon espoir de rencontrer un administrateur pour comprendre un peu mieux les rouages de cette entreprise publique logée au cœur de Bordeaux dans le Grand Théâtre.
« A qui profite le crime ? »
En effet, ça a du sens de savoir ce qui se passe dans nos murs, avec notre argent, et la réputation de notre ville ! Après plusieurs heures passées avec nos interlocuteurs un sentiment subsiste : celui d’une direction sourde et rigide qui refuse d’écouter la parole du personnel et ment aux spectateurs en prétendant une grève alors que l’initiative de ne pas assurer les représentations vient d’elle. Pour la première fois, mercredi soir, tout le personnel, issu de tous les corps de métiers présents, a fait bloc contre la Direction.
Un élément déclencheur a mis le feu aux poudres et Burdigala Presse vous en dit plus dans un prochain article.