On apprend chaque jour de nouvelles choses sur l’effondrement de la rue de la Rousselle, à Bordeaux.
Et des choses absolument incroyables. On se souvient que pendant la nuit du dimanche au lundi 21 juin 2021, l’immeuble du 21 s’est effondré, entraînant dans sa chute le numéro 19. Si le 21 était vide, le 19 était occupé, et parmi les habitants, surpris dans leur sommeil, il n’y a eu que 3 blessés . Un miracle, quand on voit l’étendu du désastre.
Dans un premier temps on nous a expliqué que l’effondrement était dû au « réchauffement climatique » puis les « sachants » ont répété que les sols étaient gorgés d’humidité. Et enfin que le problème venait du mauvais entretien des immeubles par les propriétaires. La mairie s’est lancée dans une vaste opération de sécurisation du quartier qui donnait de la force à toutes ces explications.
INCITÉ EN CAUSE
Ce n’est qu’en lisant entre les lignes, que les lecteurs de Sud-Ouest, au moins les plus attentifs d’entre-eux, ont pu apprendre qu’InCité, la SEM de la Mairie, était impliquée dans cette catastrophe. Ainsi, il est avéré que cette cette SEM, censée être composée de spécialistes de l’immobilier ancien, a été négligente et n’a pas fait le nécessaire pour sécuriser l’immeuble.
Ce que nous venons d’apprendre aggrave encore le cas de cette société dont le Président n’est autre que le premier adjoint au Maire, Monsieur Stéphane Pfeiffer. InCité est devenue propriétaire de l’immeuble en 2005 et l’a revendu, en 2019, le double de son prix d’achat, au promoteur Jean Michel Pitoun.
En 14 ans, ces spécialistes n’ont pas eu le temps de rénover l’immeuble… Quelle diligence, quelle efficacité ! Cette SEM durant cette période aurait fait pour 70000€ de frais. Nous ne savons pas exactement ce qui a été fait, mais ce montant ridicule : 5000€/an, doit juste couvrir les frais de gardiennage et pas grand chose d’autre de plus…
LES LAMPISTES
Dans cette affaire, il semble que ce soit l’acheteur final à qui soit destiné la charge de la responsabilité. Benoît Gandin, le Directeur, a glissé dans son interview à Sud Ouest que « l’on ne peut pas dire que l’acheteur n’avait pas connaissance de l’état du bâti ».
Une façon de désigner le responsable, M. Pitoune. Ce promoteur qui avait l’habitude de « travailler » avec InCité (citons par exemple ses opérations au 34 rue de la Fusterie, quai des Salinières, rue des Pontets, place Maubec…) semble lâché par son partenaire en affaires. Pris dans le panier, les crabes ne se font pas de cadeaux. Ils ne doivent pas être sereins, il y a un risque pénal. La mise en danger de la vie d’autrui est manifeste et de notoriété publique. D’ailleurs il est assez étrange qu’il n’y ait pas eu de mise en examen. L’implication d’InCité explique peut-être cette mansuétude. S’intéresser à cette société sulfureuse pourrait conduire à s’interroger sur le rôle des politiques qui l’ont présidée.
Et parmi ceux-ci il y a des personnes au dessus de tout soupçon, comme Pierre Lothaire ou Elisabeth Touton… et des personnalités comme Denis Mollat… Confier à un juge d’instruction le soin d’étudier le fonctionnement de cette société qui depuis des décennies pré-empte et exproprie à bas prix ferait désordre. Il y aurait pourtant du grain à moudre pour un juge curieux…
L’EXEMPLE SEUROT
Il est plus que probable que la justice ne s’intéressera pas à cet « accident » de parcours. Et si, par extraordinaire, il devait y avoir des poursuites pour « mise en danger de la vie d’autrui », il est vraisemblable qu’elles épargneront les vrais responsables pour ne concerner que les lampistes.
Même Monsieur Pitoune qui apparaît de plus en plus comme le dindon de la farce (il a acheté 2 fois le prix payé par InCité un immeuble qui s’est effondré) a toutes les chances d’échapper à des sanctions pénales. Il semble de bonne foi. Il n’a pas vu l’entourloupe. On sent la sincérité quand il s’exclame : « Tout ce que je sais, c’est que mon immeuble a disparu ». Il n’a pas vu le coup venir. Ses «partenaires depuis 2004 » lui ont refilé le Mistigri… Il lui reste la solution de charger, à son tour, InCité, et toute l’équipe qui gravite autour, en espérant que, pour éviter le scandale, ce petit monde joue la montre, comme dans l’affaire Seurot.
L’ex-Vice Président de Bordeaux Métropole, accusé de corruption, n‘est toujours pas jugé, 20 ans après la découverte des faits.