« Sans liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur » ( Beaumarchais)
Bravo au journal Sud-Ouest qui parle d’InCité à propos des effondrements d’immeubles. (copie d’article ci-joint). Sous la plume de Daniel Bozec, notre journal local rompt l’omerta en parlant de la société d’économie mixte de la ville de Bordeaux à propos des effondrements d’immeubles. InCité est restée plus de 15 ans propriétaire du 21 rue de la Rousselle avant de le vendre à Jean-Michel Pitoun. L’article dévoile des informations graves sur l’état réel de l’immeuble, avant la vente.
DES FRAGILITÉS ANCIENNES
Le titre de l’article de Daniel Bozec résume bien le scandale. « Les fragilités étaient anciennes ». Parler de « fragilités » s’agissant de fissures, d’affaissement et de basculement de la façade et du mur mitoyen reste une formule modérée. Un euphémisme. Il s’agit peut-être pour le journaliste de Sud-Ouest de ne pas fâcher la Mairie. Le rapport présenté indique que les planchers étaient désolidarisés de la façade, qu’ils s’étaient affaissés de 10 à 14 cm, que la façade manifestait un « basculement vers la rue » ou un gonflement… D’une manière générale, il y avait un « affaissement général du corps intérieur vers le 19 »… Pour résumer, cette expertise faite par le cabinet Abetec, qui a été reçu par InCité en Septembre 2017, aurait dû conduire cette société de spécialiste de l’immobilier ancien à faire un signalement immédiat aux services de la Mairie. Il fallait qu’un arrêté de péril imminent soit pris.
A l’époque, Alain Juppé était toujours Maire, et Elisabeth Touton était présidente d’InCité.
LA PATATE CHAUDE
N’est-ce pas un délit que de ne pas signaler un danger? N’il y a-t-il pas mise en danger de la vie d’autrui ? Surtout de la part d’une équipe qui a été choisie par la Mairie de Bordeaux pour procéder à la « requalification » du centre historique de Bordeaux ! Monsieur Benoît Gandin, Directeur, et les architectes qui l’entourent, avaient en mains cette étude, dès 2017 ! Un document qui signalait que l’immeuble propriété d’InCité menaçait l’immeuble voisin qui était habité. Au lieu d’avertir du danger les habitants, ces « responsables » ont mis l’immeuble en vente. Ils se sont débarrassé de la patate chaude, en vendant. Avant que cela s’effondre. Exactement le même scenario que pour la rue Planterose… M. Daniel Bozec, dans son article, s’en tient aux faits. Il ne soulève pas la question du cynisme de n’avoir pas fait un minimum de travaux pour sécuriser l’immeuble. Nous demandons donc, à InCité, à son Directeur, Monsieur Gandin, et à sa présidente de l’époque, Madame Elisabeth Touton : qu’avez-vous fait pour éviter l’effondrement ? Qu’avez-vous fait pendant ces 2 ans (2017 à 2019) pour la sécurité de l’immeuble voisin ? Qu’avez-vous fait pour la sécurité des passants ? Pourquoi avez vous mis des dizaines de personnes en danger?
QUELLES OBLIGATIONS DE TRAVAUX ?
Qui est responsable ? InCité a vendu, avant l’effondrement, à un promoteur avec qui cette société était en affaires. Monsieur Pitoun avait des relations anciennes avec InCité, un article, ancien, du quotidien en témoigne. Le promoteur y explique avoir l’habitude d’acheter à InCité et en être très satisfait. Il serait intéressant de connaître les conditions de la vente du 21 rue de la Rousselle. InCité intervient très souvent dans les transactions immobilières entre personnes privées. Elle fait pression (elle tord le bras, selon l’expression de Madame Elisabeth Touton), et impose des travaux. Il serait utile, pour les victimes et pour la justice, de connaître les prescriptions qu’InCité avait imposées à M. Pitoun à l’occasion de cette vente. Dans ses déclarations à Sud-Ouest, Monsieur Gandin ne parle pas d’un cahier des charges. Mais seulement de « lourds travaux à engager ». Pourquoi ne rend-il pas public le document qui explicite ces travaux? D’ailleurs ce document existe-t-il ? Ce serait un véritable scandale si, pour un immeuble aussi dégradé, InCité n’avait pas imposé à l’acheteur des travaux précis à exécuter. Cette SEM est connue pour imposer aux propriétaires bordelais des travaux le plus souvent inutiles, voire même absurdes… Ce serait choquant que dans le cas d’un promoteur avec qui elle est habituellement en affaires, elle avait omis d’imposer des travaux indispensables à la sécurité et, qui plus est, urgents? Pour dissiper le doute, M. Stéphane Pfeiffer, Président d’InCité, doit rendre public ce document ou nous dire la vérité. Oui ou non, M. Pitoun avait-il un traitement de faveur ? A-t-il acheté sans obligation particulière de travaux? Si c’est le cas, alors il a bénéficié d’un prix d’ami. Avec quelle contrepartie ?
TRANSPARENCE ET DÉMOCRATIE
Pierre Hurmic et son équipe se sont engagés « à améliorer le processus de participation citoyenne, et de transparence dans les actions.» Voilà une excellente occasion de tenir cette magnifique promesse électorale. La Mairie pourrait donner aux victimes, aux associations et à tous les citoyens accès au dossier. Par exemple en publiant les conditions de la transaction entre InCité et M. Pitoun. En rendant public le « cahier des charges » qui aurait dû accompagner la transaction. En rendant public le dossier tenu par InCité sur cet immeuble, avec en particulier les conditions d’achat, les travaux effectués durant ces 15 années… D’une façon plus générale, la transparence voudrait que la Mairie dénonce le pacte d’actionnaires qui impose le secret concernant InCité. Dans le même esprit, il serait plus transparent que l’audit d’InCité, réalisée à la demande de Bordeaux Métropole, soit rendue publique. Même les élus n’ont pas pu la consulter. Que contient-elle de si dérangeant pour que les membres de l’Assemblée délibérante soient tenus à l’écart…
Monsieur Daniel Bozec, et le journal Sud-Ouest, en faisant connaître le dossier d’expertise, si dérangeant pour InCité, nous font faire un pas dans la bonne direction. Ils nous permettent d’entrevoir les dessous de l’action de la SEM de la Mairie. Nous voyons que l’effondrement des 4 immeubles (sur les 140000 de Bordeaux) au mois de juin dernier doit beaucoup au comportement d’InCité et rien au réchauffement climatique. Le fil qui nous conduira aux vrais responsables, et non pas à des lampistes, et à leurs mobiles, dépend beaucoup de la diligence de la justice, et de la façon dont l’équipe municipale tiendra sa promesse de transparence.