La droite nationale emporte la suède !

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Elections législatives en Suède : le bloc formé par les droites aux portes du pouvoir

La droite, appuyée par le parti nationaliste SD, serait en position de l’emporter en obtenant de peu la majorité absolue, devant la gauche de la première ministre sortante. Le verdict final du scrutin devrait attendre mercredi, tant les scores sont proches.

Il faudra patienter quelques jours pour affirmer que la Suède a basculé dans une nouvelle ère politique. Selon les résultats partiels des élections législatives, dimanche 11 septembre, portant sur près de 95 % des bureaux de vote, le bloc inédit de droite mené par le chef du parti conservateur des Modérés Ulf Kristersson, appuyée par droite nationale des Démocrates de Suède (SD), emporterait une majorité absolue de 175 à 176 sièges, contre 173 à 174 sièges pour le bloc de gauche de la première ministre sortante sociale-démocrate Magdalena Andersson.

L’autorité électorale du pays scandinave a prévenu que le verdict final du scrutin devrait attendre mercredi 14 novembre, tant les scores sont serrés. S’ils se confirmaient, la gauche quitterait le pouvoir après huit ans aux manettes.

En Suède, le poste de premier ministre revient traditionnellement au premier parti de l’alliance victorieuse. Un total de 349 sièges sont attribués à la proportionnelle aux partis réalisant au moins 4 %. Pour être investi, un premier ministre ne doit pas avoir 175 voix ou plus contre lui, mais pas nécessairement une majorité absolue en sa faveur.

Alors que les sondages à la sortie des urnes et les premiers résultats préliminaires suggéraient une victoire de justesse de la gauche en début de soirée, les droites sont passées devant au fur et à mesure des dépouillements et semblent désormais en passe de l’emporter.

Sur la base des voix dépouillées jusqu’au milieu de la nuit, le bloc de droite (SD, Modérés, chrétiens-démocrates et libéraux) obtiendrait 49,8 % des suffrages. Le bloc de gauche (sociaux-démocrates, parti de Gauche, Verts et parti du Centre) réunirait 48,8 %. Soit environ 60 000 voix seulement de retard, pour un corps électoral de 7,8 millions de personnes.

Longtemps paria, le parti SD qui se revendique nationaliste et antisystème est le grand vainqueur de la soirée. La formation nationale dirigée par Jimmie Akesson deviendrait, avec un score provisoire de 20,7 %, le deuxième parti du pays, et le premier d’un nouveau bloc des droites. Les conservateurs des Modérés reculeraient eux légèrement avec 19,0 % des voix.

« Ça sent bigrement bon », a lancé le chef du parti SD de 43 ans devant ses troupes en fusion à son QG de campagne, célébrés par des chants de « Jimmie, lalalalala ».

Les voix des Suédois de l’étranger et certains votes faits par avance doivent encore être comptabilisés, mais les politologues jugent improbable une inversion du résultat.

« Nous n’aurons pas un résultat final ce soir », a déclaré la première ministre Magdalena Andersson, qui n’a pas jeté l’éponge avec un joli score pour son parti, au-delà des 30 %. « La démocratie suédoise doit suivre son cours, tous les votes doivent être comptés et nous attendrons le résultat », a affirmé la dirigeante sortante de 55 ans, dimanche soir. Elle espère rester au pouvoir en s’appuyant sur un ensemble « rouge-vert », pour un troisième mandat de quatre ans d’affilée pour la gauche.

Ces élections marquent un tournant majeur : jamais jusqu’à ces législatives la droite traditionnelle suédoise n’avait envisagé de gouverner avec l’appui direct ou indirect des SD.

« Cela en dit long sur le chemin parcouru, sur le petit parti dont tout le monde se moquait (…) aujourd’hui nous sommes le deuxième parti de Suède », a lancé M. Akesson devant ses partisans surchauffés. Entrés à la chambre pour la première fois en 2010, avec 5,7 % des voix, les SD n’ont cessé de progresser depuis et dépassent désormais les 40 % dans certaines communes, notamment dans le sud du pays.

La campagne a été dominée par des thèmes susceptibles de favoriser l’opposition de droite : criminalité et règlements de comptes meurtriers de gangs, flambée des prix des carburants et de l’électricité, problèmes d’intégration…

Une victoire de la droite appuyée par la droite nationale serait un changement politique de fond pour la Suède, qui doit prendre la présidence tournante de l’Union européenne le 1er janvier et finaliser sa candidature historique à l’OTAN.

« Maintenant nous avons pour la première fois une réelle chance, une réelle possibilité de ne pas être simplement un parti d’opposition mais aussi de faire partie d’un nouveau gouvernement qui mène la politique dans une tout autre direction », a réagi le numéro 2 du parti, Richard Jomshof, au micro de SVT.

Si les Démocrates de Suède espèrent des ministères, les autres partis de droite sont réticents à leur accorder des portefeuilles gouvernementaux, préférant ne s’appuyer sur eux qu’au Parlement. A gauche aussi, la forme exacte d’un exécutif sorti des urnes reste empreinte d’incertitudes, avec des désaccords entre partis de gauche et du centre.

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