par Yann Vallerie.
« Voilà, c’est fini » chantait Jean-Louis Aubert. Après deux ans et demi d’engagement comme pompier volontaire à côté de chez moi, j’ai rompu mon engagement. C’était il y a quelques mois déjà, en tout début d’année, avant que le pass sanitaire ne soit officiellement acté par les autorités de ce pays qui ont décidé d’enfermer leur propre peuple pour la vie (puisqu’ils recalent même des amendements permettant de mettre fin à l’urgence sanitaire… quand il n’y aura plus d’urgence sanitaire).
C’était il y a quelques mois, car j’avais compris que la messe était dite déjà. Depuis le début de la crise dite « du covid », j’ai vu les autorités, y compris au sein de l’administration chargée des pompiers professionnels comme volontaires (les SDIS) devenir complètement folles, avec des consignes de plus en plus débiles, injustifiées si ce n’est toujours pas l’éternelle peur de devoir rendre des comptes à sa hiérarchie et de se faire taper sur les doigts, ce qui est sans doute la pire maladie (une vraie celle-là) que le système bureaucratique français ait engendrée.
Ainsi, en période de Covid-19, alors même que la Bretagne était peu touchée par la pandémie, on vous demandait, avant toute chose, sur n’importe quelle intervention, de mettre un masque à la victime chez qui vous alliez. Avant toute discussion. Y compris si celle-ci était une personne en crise d’asthme, y compris si elle était déjà paniquée par sa maladie et avait tout autre chose à penser qu’au fait d’accepter qu’on lui mette un masque sur le visage. Le Covid avant tout.
Heureusement que sur le terrain, les hommes s’adaptent et n’agissent pas en respectant à la lettre les consignes d’une administration composée trop souvent de gens qui n’ont jamais mis un pied sur le terrain.
Cette procédure du masque, comme celle de la « tenue Covid » (une espèce de combinaison façon Armée des 12 singes, à mettre à la moindre suspicion, c’est à dire en réalité dès qu’une personne toussait et avait de la fièvre, ce qui est tout de même un spectre assez large surtout en automne-hiver…) sont abjectes. Imaginez, pour la tenue Covid, il y a même eu des notes qui appelaient à les mettre, c’est-à-dire à perdre 1 à 2 minutes le temps de l’enfiler, y compris dans le cas d’un arrêt cardiaque. Vous rendez-vous compte ? On vous apprend en formation qu’en cas d’arrêt cardiaque, l’urgence est de masser, coûte que coûte, et le plus rapidement possible, la victime.
Mais le Dieu Covid arrive et vous fait perdre une à deux précieuses minutes pour enfiler une combinaison en mauvais état et qui se déchire en trois mouvements (puisque les SDIS, financés par les départements, ne sont pas particulièrement riches…) avec l’éventuelle crainte que votre victime en arrêt cardiaque puisse aussi avoir le Covid. Ubuesque.
La religion covidienne et l’administration folle
Des scénarios comme certains de ceux décrits plus hauts, j’en ai vécu. C’est bien réel. Tout comme j’ai vécu le fait de se rendre à l’hôpital, avec des victimes blessées, parfois gravement, et de se faire presque sermonner par le personnel des urgences parce que vous n’avez pas « emprunté le chemin Covid » ou parce que vous êtes rentré sans sonner (dans certaines situations il y a autre chose à penser), personnel à qui l’administration a suffisamment bourré le crâne pour qu’il fasse lui aussi parfois preuve d’une inhumanité effrayante (pas tout le personnel, loin de là et heureusement).
Que dire de cette pauvre dame de plus de 80 ans, blessée gravement à la jambe alors qu’elle rentrait ses bêtes, et accédant à l’hôpital pour la première fois de sa vie me disait-elle, n’ayant jamais bénéficié de vacances, ni d’aides quelconques, n’ayant jamais rien demandé d’ailleurs… et qui se retrouve traitée comme un robot à l’entrée de l’hôpital. Pas de bonjour. Prise de température. Circuit non Covid. Circulez. Assise sur un brancard sans que l’on s’occupe d’elle immédiatement ce qui constituait une aberration eu égard de sa blessure. Elle demandait juste à être traitée humainement, pour la seule fois de sa vie où elle se rendait à l’hôpital. Impuissance et colère de ma part face à cette inhumanité.
Ce sentiment de révolte ne m’a plus jamais quitté ensuite et n’a fait que grandir, chaque scénario devenant parfois plus improbable et plus con, il faut le dire, que celui de la veille. Des notes de service s’enchainent, parfois contradictoires, parfois consternantes. Porter le masque dans son ambulance entre collègues… Ne plus pouvoir rentrer à trois devant parce qu’il y a plus de risque de se transmettre un potentiel virus entre sportifs et bien portants… et qu’il faut donc briser la communication entre pompiers en envoyant l’un des trois derrières, seul de retour d’une intervention ou en se rendant sur zone. Ne plus faire de sport entre pompiers pendant le confinement, alors même qu’il faut être au top physiquement.
Et puis vint le messie vaccination : conseillée au départ, imposée désormais sans fondement. Et que dire des pompiers que l’on extrait de leur rôle en les incitant à aller vacciner la population (ils ne sont pas disponibles lorsqu’ils le font alors même que le pays manque de pompiers notamment en semaine en journée).
Des décisions brimantes, injustifiées, idiotes
Avant le Covidisme, aucune note de service ne permettait à contrario – ce qui aurait dû être fait depuis bien longtemps – le personnel des pompiers de se munir de masques et d’outils sanitaires lourds pour aller en intervention chez des personnes en lourdes difficultés sanitaires, ou susceptibles de transmettre des maladies bien plus graves (La drogue, l’alcoolisme, certaines maladies liées à la saleté, font bien plus de dégâts que le Covid…).
Dans le même temps, certains SDIS sont incapables de fournir correctement et allègrement leurs personnels en vêtements et en matériaux (imaginez la tête d’une victime dans une ambulance lorsque vous vous excusez pour l’odeur de fumée qui empeste dans la cabine, en plus des émanations toxiques, parce que vous revenez tout juste d’un incendie, avec les mêmes chaussures que durant cet incendie, tout cela parce que le conseil départemental n’est pas capable de payer deux paires de chaussures d’intervention par pompier…).
Ces décisions, ces notes de service, ces comportements humains répétés, accentués par la tyrannie de la pensée dans laquelle nos dirigeants ont plongé tout le monde, m’ont conduit, entre autres, à rompre mon engagement de pompier volontaire.
Et pourtant, quel bel engagement. Que de bons jeunes hommes et jeunes femmes, et moins jeunes, qui s’investissent jours et nuits, sans compter leur temps, au service de la population locale. Quel apprentissage de la vie. Quelle sensation de rendre service à sa communauté, à son prochain, à ses anciens. Quel héroïsme du quotidien que portent en eux celles et ceux qui font le choix de cet engagement. Quel stress aussi, lorsque le bip sonne, en pleine nuit, et que vous vous retrouvez quelques minutes plus tard, ici dans une maison en feu, là sur un accident de la route ou là encore dans une maison en plein drame familial ou médical, et que votre devoir, c’est de gérer et d’agir. Pour sauver des vies et ce qu’il y a à sauver.
Ces sentiments, ces situations, ceux qui aujourd’hui voudraient lyncher de « l’antivax » à tour de bras et qui n’ont que le mot « solidarité » à la bouche sans agir par ailleurs, ne les connaissent peut-être pas. Jean Castex, Emmanuel Macron, Gabriel Attal, Véran, et toute cette clique de banquiers, d’hommes d’affaires, de hauts fonctionnaires, d’arrivistes, ne les ont jamais connus. Et ne les connaitrons jamais. Ils ne sont pas forgés pour cela. Par contre, ils sont forgés pour briser le rêve de milliers de jeunes et de moins jeunes qui ne demandent qu’une chose, c’est de pouvoir s’engager, et sauver des vies.
Pas de se faire vacciner contre un virus parce que ces messieurs de la haute ont détruit l’hôpital public depuis des décennies et qu’ils ont désormais peur que tout cela se voit un petit peu trop brutalement.
Pas de sauver des vies via un hypothétique vaccin, ou des « gestes barrières » à la con dont rien ne démontre qu’ils sont efficaces, surtout en plein air ou dans des petits établissements de campagne. Non, sauver des vies réellement sur le terrain.
À n’importe quelle heure du jour et de la nuit, 365 jours par an. Faire un massage cardiaque. Poser un garot à une personne qui a le bras ou la jambe déchiquetée et dont l’espérance de vie se résume à vos gestes, et à quelques secondes d’action. Savoir réagir immédiatement face à une personne inconsciente. Détecter rapidement les signes d’un AVC. Empêcher un suicidaire de s’endormir avec les médicaments ingurgités. Sauver un bébé qui s’étouffe devant les hurlements d’une maman en panique. Ceux qui en sont savent.
Pompier volontaire, c’est aussi sauver l’élevage d’un agriculteur qui part en fumée. Ou la maison d’une famille qui s’embrase. Ou venir en aide à un enfant qui s’est cassé le bras dans une cour de récréation. Ou à une mamie abandonnée par ses enfants, sans doute très à cheval sur les gestes barrières par ailleurs mais qui abandonnent quand même, et qui a chuté, et qui a passé la nuit dans son urine ou dans ses excréments. Et réconforter, sourire, discuter, même quand c’est dur, même quand d’autres facteurs de la vie font que tel ou tel jour, vous n’êtes pas d’humeur, vous avez des soucis. Tout cela est oublié, pour les autres, quels qu’ils soient et d’où qu’ils soient d’ailleurs.
C’est cet engagement que par leurs décisions abjectes, Macron, Castex Véran et toute leur clique, ont brisé chez moi. Car si j’ai rompu mon engagement, ce sont bien eux les responsables, au même titre qu’ils sont en train chaque jour un peu plus de pousser à bout une partie significative de la population française.
Me concernant, j’ai toujours l’attrait pour aider et tenter de sauver les autres, au quotidien, et le souhait s’il le faut de donner des milliers d’heures de disponibilité chaque année, comme je l’ai fait avec envie et passion pendant deux ans et demi aux côtés d’hommes et de femmes intègres, honnêtes, courageux et respectables. Peu m’importe de devoir rester à proximité immédiate de sa caserne, de quitter un repas de famille, de ne pas compter les nuits passées dehors, et les projets du jour abandonnés.
Mais tout ceci n’empêche pas l’homme libre que je suis de refuser de me soumettre à des ordres, à des consignes, à des directives, à des menaces proférées par des individus hors sol, déconnectées des réalités de terrain, et néfastes pour notre société, pour notre communauté. Il y a des choses que l’on ne peut pas, que l’on ne doit pas accepter sous peine de ne jamais pouvoir renverser un système pourri.
Se plier, faire le dos rond, accepter les ordres les plus fourbes et les plus délétères sans broncher ? C’est ce que font les militaires. Je n’en suis pas un, et je ne le serai jamais.
Ma communauté a perdu un pompier volontaire. Je m’en excuse auprès d’elle et de mes camarades qui sont restés, d’autant plus que contrairement à ce que laisse à penser les moralistes du moment en mode « protégez les autres, vaccinez-vous, solidarité », cela ne se bouscule pas au portillon pour s’engager chez les pompiers ou chez les secouristes. Paroles, paroles, paroles…
J’espère que mes camarades me retrouveront un jour, lorsque les tyrans qui gèrent ce pays en perdition estampillé République française auront été balayés hors de l’Histoire.
PS : mon expérience – j’écrirai peut-être plus longuement là-dessus un jour – m’a également permis de me rendre compte, par mes propres yeux, à quel point la ruralité, en l’occurrence ici le Centre-Bretagne, est totalement abandonnée par les pouvoirs publics qui pourtant, n’ont que le mot solidarité à la bouche. Il y a chez nous des agriculteurs en détresse, des anciens abandonnés de tous, des familles qui souffrent, des toxicomanes lourds et abandonnés, des drames sociaux dignes de Germinal au XXIe siècle, mais cela, Olivier Véran, Emmanuel Macron, Jean Castex, s’en moquent totalement. Ils sont loin, très loin à Paris, la carotte dans une main, le bâton dans l’autre, prêts à fracturer, à salir, à diviser, à réprimer un peuple comme jamais. Qu’ils aillent au Diable.
source : https://www.breizh-info.com