Merci à Jean Paul Brighelli , dans Causeur, et avec son humour légendaire, de nous éclairer sur l’évolution de notre société en ce qui concerne les rapports homme-femme ! Castigat ridendo mores …
Mercredi 25 janvier, Emmanuel Macron reçoit la présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, qui vient proposer des mesures pour renforcer ladite égalité. Le sexisme s’aggrave en France. Le Haut Conseil a publié un rapport qui non seulement se désole de la pérennité des discriminations, mais constate l’attitude particulièrement «masculiniste» des 25-34 ans. Jean-Paul Brighelli, qui a légèrement dépassé cette tranche d’âge, jette un regard dépassionné mais perplexe sur ce rapport qui stigmatise globalement tous les hommes.
L’étude publiée par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes s’appuie sur un sondage réalisé en octobre dernier. Le très progressiste Huffington Post s’est empressé d’en synthétiser les éléments les plus remarquables. Mais la lecture exhaustive du document n’est pas sans intérêt.
Dès le début, le rapport rappelle que « le monde professionnel s’avère particulièrement sexiste (seul·e·s deux Français·e·s sur 10 estiment que les femmes et les hommes y sont égaux en pratique, un score en baisse de trois points) suivi de près par les pratiques religieuses, les mondes politique et du sport, l’espace public, les réseaux sociaux, la vie de famille et les médias. » C’est le seul moment dans le rapport où les « pratiques religieuses » sont citées. Et pourtant — pourtant…
Ainsi, « c’est dans les sphères perçues comme particulièrement inégalitaires qu’elles ont vécu le plus ces situations sexistes : la rue et les transports (pour 57 % d’entre elles), le foyer (49 %) ou encore le monde du travail (46 %). »
Allons, une petite anecdote pour aller dans ce sens.
Je vis à Marseille. En septembre dernier, par temps très chaud, ma compagne se baladait, en short, à quatre heures de l’après-midi dans le centre-ville de la cité phocéenne, comme on dit. Deux hommes jeunes de type marseillais — tous ceux qui connaissent le quartier Noailles voient ce qu’il en est — l’ont traitée de pute, comme il convient. Elle se rebella, les invita à aller se faire voir chez les kabyles, ils lui sautèrent dessus, elle leur décocha quelques gnons bien placés —ô et fut immédiatement ceinturée par un passant, non pour la protéger, mais pour l’empêcher de les houspiller. « Enfin, madame, c’est leur culture, c’est normal ! »
Persistance du machisme
Des situations de ce type, ici, sont monnaie courante. C’est l’une des raisons qui expliquent que les musulmanes de la ville se voilent, moins par conviction que pour empêcher de se faire stigmatiser par leurs coreligionnaires.
Alors le rapport du Haut Conseil à l’égalité restera un peu hors sol, tant qu’il ne fera pas une étude fine des comportements. Il n’est pas bien grave que « « 32 % des 25-34 ans considèrent que le barbecue est une affaire d’homme ». Il est plus inquiétant de lire que « 14 % des femmes ont subi un « acte sexuel imposé » (22 % des femmes de 18 à 24 ans) », y compris « sous l’emprise d’alcool ou de drogue ». Peut-être faudrait-il éviter de se torcher méchamment en mauvaise compagnie.
La tranche des 24-35 ans est particulièrement sexiste, sachez-le. Quelle surprise, à un âge où la testostérone parle à haute voix…
Mais surtout, dans quel milieu, sous quelle emprise religieuse, quelle culture ?
Le rapport est muet sur ce point. Par ailleurs, « 20 % des 25-34 ans considèrent que pour être respecté en tant qu’homme dans la société, il faut vanter ses exploits sexuels auprès de ses amis (contre 8 % en moyenne) » — et bien entendu, les filles ne se racontent jamais leurs bons et mauvais coups.
Le rapport inclut dans cette persistance du machisme ce qu’il appelle le mansplaining, un joli mot-valise anglo-saxon (dont nous n’avons aucun équivalent français) qui consiste à « expliquer » à une femme avec condescendance ce qu’elle doit faire pour réussir telle ou telle opération. « Ma chérie, pour faire du café, il vaut mieux allumer le gaz sous la cafetière. Et auparavant, mettre du café dans l’ustensile » — situation vécue.
Diableries
Peut-être aussi faudrait-il éviter de prendre en compte, dans ce sondage, ce qui est règlements de compte d’après divorce. Parions que Céline Quatennens, qui a finalement porté plainte pour mauvais traitements contre l’abominable Adrien, racontera bientôt que leurs étreintes antérieures étaient toutes sous la contrainte, l’élu LFI l’ayant à chaque fois attachée aux montants du lit avec son écharpe tricolore. Peu importe que les enfants l’aient pendant des années entendue haleter dans l’étreinte comme une locomotive asthmatique : a posteriori, si je puis m’exprimer ainsi, ce n’étaient que diableries « masculinistes ».
Patrick Besson vient de rassembler sous le titre générique Est-ce ainsi que les hommes vivent ? ses chroniques hébergées dans Le Point — et le contenu, d’une ironie sans cesse mordante, est conforme au titre, empruntée à la chanson de Léo Ferré, elle-même reprenant le titre d’un poème d’Aragon (à la fin du Roman inachevé) narrant les belles aventures du poète dans les bordels de l’après-Grande Guerre. Dans « Accord préalable », Besson imagine le texte d’un accord passé devant notaire visant au « rapprochement physique » consécutif à leur rencontre : « Par ledit document, Monsieur A et Mademoiselle B s’engagent l’un envers l’autre à ne pas contester le fait que leur premier baiser, intervenu à 6h14 le jour même dans un taxi traversant la Seine sur le pont Alexandre III, n’a donné lieu, par aucune des parties, à une quelconque résistance. »
« Monsieur A et Mademoiselle B, souhaitant donner suite à leur rencontre, se sont présentés ce jour devant notaire afin d’établir un accord préalable qui leur permettra, en cas de litige, de pouvoir se retourner l’un contre l’autre en toute légalité. »
S’ensuivent les circonstances planifiées de la future étreinte, « dans un hôtel parisien de catégorie grand luxe ou luxe » : « Le rapport sexuel en lui-même ne devra pas excéder deux heures trente et ne pourra inclure la sodomie que si Mademoiselle B en fait la demande écrite sur un papier daté et signé à en-tête de l’hôtel. »
J’attends avec impatience qu’un metteur en scène inspiré en tire un court métrage posément hilarant (chaque article du recueil peut d’ailleurs fournir la matière d’un petit film ironique). J’attends aussi qu’un réalisateur au long cours se saisisse du rapport du Haut Conseil à l’égalité et en décortique à l’écran les situations équivoques et scandaleuses qu’il répertorie. Nous aurons enfin de quoi rire — mais peut-être ne sourirons-nous plus jamais.
C’est dommage que votre article soit gâché par l’écriture inclusive.
La partie en écriture inclusive est seulement le copié-collé d’un document officiel !
Merci pour la précision, je retire ce que j’ai dit.
merci de votre veille sur un sujet essentiel : la destruction programmée de notre langue, et l’écriture inclusive en fait partie !