Lu sur le Nouvelle Obs .
Vous ne remarquez rien?
Ils sont en fuite ou derrière les barreaux. Ils ont chacun leur particularité. Mais ils ont tous un point commun : celui de figurer sur la liste des barons de la drogue les plus puissants de France.
Depuis 2019, l’office des stups dresse un classement de ses cibles prioritaires, surnommé en interne le « top 25 » des trafiquants de drogue français. Sans doute pour ne pas lui donner un caractère trop prestigieux, ce tableau, classé confidentiel, a été, cette année, sobrement rebaptisé « liste nationale ». Pour intégrer ce cercle restreint des principaux narcos français, les prétendants doivent remplir un certain nombre de critères témoignant de leur puissance et de leur dangerosité : implications dans des règlements de comptes, capacité à se projeter à l’étranger, à corrompre des agents publics, des policiers, des douaniers, moyens logistiques, usage des technologies de dissimulation… Voici les dix plus gros trafiquants de cette liste :
- Moufide Bouchibi Surnoms : « Poto », « Mouf », « Karim », « le Parisien ».
Age : 41 ans.Originaire de l’Essonne. Particularités : Ex-associé puis rival de Sophiane Hambli – l’ancien trafiquant numéro 1 devenu le principal informateur de l’office des stups –, il a dû quitter le Maroc après une série de règlements de comptes en 2013. En contact direct avec les producteurs, il est considéré comme le principal exportateur de résine de cannabis en France (il enverrait 50 tonnes par mois selon les estimations des policiers).Situation : Condamné à vingt ans de prison par le tribunal de Bordeaux en 2015, il vient d’être arrêté à Dubaï.
- Reda Abakrim
Surnoms : « Turbo », « Mourad de Poissy ». Age : 38 ans. Originaire de Poissy . Particularité : En juin 2020, défendu par Eric Dupond-Moretti, il a été condamné à vingt ans de prison en son absence dans une affaire d’enlèvement et de meurtre. Situation : En cavale depuis 2007, il a été arrêté le 22 décembre à l’aéroport de Casablanca alors qu’il descendait, sous une fausse identité, d’un avion en provenance de Dubaï.
- Nordine D. Surnoms : « Mac Do », « Monsieur N. ». Particularité : Jamais condamné pour trafic de stupéfiants, il ne ferait actuellement l’objet d’aucune mise en examen. Selon des sources policières, il aurait récupéré une partie de la clientèle de Djamel Talhi, dit « James Dean », un ancien associé d’Hambli devenu le numéro 2 du trafic derrière Moufide Bouchibi avant d’être arrêté en 2014. Selon le dossier judiciaire, une partie de la marchandise retrouvée lors de la fameuse saisie des Douanes effectuée boulevard Exelmans, Paris 16e, en octobre 2015, lui appartiendrait. Situation : Il naviguerait entre l’Espagne, le Maroc, l’Algérie et Dubaï.
- « Ben de Trappes » Originaire de Trappes. Particularité : Selon une anecdote racontée par Claire Andrieux dans son livre « la Guerre de l’ombre », ce trafiquant de haut vol aurait réussi à importer de grandes quantités de cannabis au Danemark via des camping-cars. Situation : Il a été arrêté en France en 2018 dans une affaire d’usurpation d’identité. Il a, depuis lors, pris la fuite et serait possiblement au Maroc.
- Bouchaïb El Kacimi Surnoms :« Bouch de Dreux », « R8 ». Originaire de Dreux. Particularité : En 2014, ce Franco-Marocain a été considéré comme le responsable d’un vaste réseau d’importation de résine de cannabis et condamné à vingt ans de prison. La drogue était stockée dans une ferme d’Eure-et-Loir. D’après un cahier de comptes retrouvé sur place, son équipe avait organisé pas moins de 45 go-fasts depuis l’Espagne en quatorze mois pour importer 50 tonnes de cannabis. Situation : En fuite, possiblement au Maroc.
- Kevin Doure Surnoms : « El Negro », « Cali », « le Pablo Escobar français » Age : 36 ans Originaire de Martinique Particularité : Lors d’un premier séjour en prison, il noue des relations avec des « Vénez », surnom donné en Martinique aux Vénézuéliens installés sur l’île, représentants des plus gros narcos sud-américains. Au faîte de sa gloire, on estime qu’il expédiait une tonne de cocaïne par mois. Incarcéré depuis 2013, son réseau continuerait ses affaires malgré son incarcération. Situation : En prison
- Rachid El M Surnoms : « Le Chinois » Age : 45 ans , Originaire de Strasbourg. Particularité : Proche de Moufide Bouchibi depuis de longues années, il serait l’un des principaux fournisseurs de cannabis de l’Est de la France. Il disposerait de contacts privilégiés chez les producteurs marocains. Il a été condamné à une peine de sept ans de prison en 2017.
- Nasserdine et Abdelrani T. Surnoms : « Tic et Tac » , « les Jumeaux ». Age : 43 ans. Originaires de Marseille. Particularité : Ces deux frères, condamnés par le passé pour des affaires de vols, approvisionneraient la région de Marseille en résine de cannabis Situation : Ils ne feraient actuellement pas l’objet de mandats de recherche et seraient installés depuis de longues années dans la région de Malaga, dans le sud de l’Espagne.
- Younès L. Surnoms : « le Nantais », « le Grand ». Age : 40 ans. Originaire de Nantes. Particularité : Appartenant à une famille bien connue de la PJ nantaise, ce Franco-Marocain né à Meknès est considéré comme le principal pourvoyeur en résine de cannabis du Grand Ouest. Connu pour des faits de vol commis dès l’âge de 15 ans, il n’a jamais été condamné pour trafic de stupéfiants à ce jour. Situation : Possiblement au Maroc.
- Ali et Messaoud Bouchare Surnoms : « Ryan » pour Ali Age : 50 ans et 41 ans . Originaires de Saint-Etienne Particularité : Ancien braqueur, Ali est considéré comme le cerveau de l’affaire « Air Cocaïne ». En 2014, il est arrêté en Espagne lors du déchargement de 400 kg de poudre blanche, cachée dans une cargaison de poissons surgelés. Il sera mystérieusement relâché avant d’être de nouveau interpellé deux ans plus tard sur une autoroute française. Situation : En prison pour Ali, condamné en 2018 à une peine de dix-huit ans de détention dans l’affaire « Air Cocaïne ». Son frère, Messaoud,, a été arrêté en décembre dernier après plus de dix ans de cavale alors qu’il remontait d’Espagne vers la France pour voir sa famille.
(1) Liste reconstituée à partir de sources policières, judiciaires et documentaires : « La guerre de l’ombre, le livre noir du trafic de drogue en France », de Claire Andrieux (Denoël)