Logement indécent L’IMMEUBLE ARC EN CIEL D’INCITÉ

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Sud Ouest publie, aujourd’hui 17 mai, un article sur l’immeuble Arc En Ciel d’InCité à Bordeaux. Il « a perdu ses couleurs ». Le journaliste découvre que l’immeuble situé en bordure du Grand Parc les a perdues il y a un an et demi, quand les dernières lames de verres qui restaient sur la façade ont été démontées. L’information a eu du mal à arriver jusqu’à la rédaction de quotidien de Bordeaux…

Pourtant, il y a un an, François Jay, à l’époque Conseiller Municipal, envoyait une lettre recommandée au Maire de Bordeaux pour lui signaler la dangerosité de l’immeuble d’InCité qui mettait en danger les occupants et les simples passants. Les lames de verre, de toutes les couleurs qui ornaient la façade, tombaient une à une sur les trottoirs. Pour compléter le courrier, il mettait en ligne une vidéo explicite, tournée à la même époque : https://youtu.be/k1VUWXdzpnE
Et sa suite, quelques mois après : https://youtu.be/EWC26wGDK1E
Depuis, l’immeuble a perdu ses couleurs, il est bien laid, tout gris.

QUESTION CRUELLES
Restent les questions. Comment un immeuble aussi récent, qui a même obtenu un prix d’architecture, a-t-il pu être aussi mal construit ? Comment des dispositifs aussi dangereux ont-ils pu passer à travers la vigilance des bureaux de contrôle ? Comment les architectes d’InCité, si prompt à relever les défauts des immeubles des propriétaires privés de Bordeaux, n’ont-ils rien vu ? Pourquoi autant de défaut dans un immeuble neuf, alors qu’InCité, comme bailleur social, bénéficie de tous les avantages : accès au foncier à prix préférentiel, pas de frais d’hypothèque, prêts sur 40 ans et plus, TVA à 5,5%, pas d’impôt sur les sociétés… des avantages qui devrait permettre des réalisations exemplaires. Pourquoi les prix de réalisation ont-ils été autant tirés, que la vie des habitants a été mise en danger ? Qui a bénéficié des économies réalisées ?

S’AGIT-IL DE CORRUPTION ?
Si ce n’est pas de la corruption, c’est un désastre technique. Une preuve évidente d’incompétence de la part de ceux que la Mairie a choisis comme conseil et guide pour l’immobilier à Bordeaux. InCité en plus de son activité de bailleur social, est titulaire de la convention de requalification du centre de Bordeaux. Ses spécialistes sont censés conseiller les propriétaires immobiliers et surtout sont en charge des obligations de travaux imposées aux bordelais. Sont rassemblés dans cet immeuble, construit par InCité, une grande partie de défaut qu’Incité reproche aux bailleurs privés. Ces bailleurs qui payent toutes les taxes et impôts dont InCité est exonérée. Avec une différence qui est de taille, qu’il s’agit dans le Bordeaux historique d’immeubles anciens, qui présentent souvent de grosses difficultés et contraintes pour la rénovation, et que dans le cas de cette réalisation d’InCité, c’est un immeuble neuf !

DES EXPLICATIONS QUI CONFONDENT
Benoît Gandin se justifie avec des arguments qui, au contraire, enfoncent la SEM InCité. Il explique que « dès la réception de l’immeuble en 2010, les réserves n’avaient pas été levées concernant certaines lames de verre qui cassaient ou se déchaussaient avec le vent ». Le Directeur reconnaît donc qu’il savait que l’immeuble était dangereux, et que la vie des occupants a été mise en danger. Il reconnaît avoir loué dans ces conditions et avoir mis la SEM InCité dans le cas d’être un marchand de sommeil. Benoît Gandin explique que les normes de sécurité ont changé…  « Ce qui était acceptable en 2008 ne l’est plus aujourd’hui »… C’est une manœuvre d’enfumage. C’était dangereux en 2008, comme il l’a reconnu, et cela l’est toujours aujourd’hui… Le directeur tente de se réfugier derrière les normes. Mais c’est pitoyable. Les lames ne pouvaient pas tenir, elle ne pouvait que casser aux premier coup de vent sérieux, et tomber sur les trottoirs 10m plus bas. La réalisation a été faite à l’économie. Si le Directeur d’InCité veut s’en convaincre, nous avons à sa disposition des reportages sur des immeubles du même type, de la même époque (ou plus anciens) dont les lames de verre sont deux fois plus épaisses, et fixées par des boulons en inox qui traversent le verre… C’est plus cher, mais c’est moins dangereux.

800000 € DE RÉPARATION
Le montant des travaux de réparation s’élèveraient à 800000 €, pour fournir et fixer correctement de nouvelles lames de verre. Bien. Le Directeur d’InCité nous explique qu’une procédure est en cours pour savoir qui prendra en charge cette somme, selon lui, en principe, la compagnie d’assurance. S’agissant de problèmes qui, de son propre aveu, étaient prévisibles, il semble difficile de croire qu’une assurance les prendra en compte. Elle aurait pris en compte l’accident qui en aurait découlé. Et il ne semble pas y avoir eu accident, ce qui est une chance, vu la dangerosité du dispositif. L’assurance prend-elle en charge l’incompétence ? Et, d’ailleurs, est-ce l’incompétence du Cabinet d’Architecte  qui a conçu l’immeuble? Ou celle du constructeur  qui a réalisé ces fixations? Ou du bureau de contrôle qui a surveillé ? ou des architectes d’InCité  qui sont pourtant de grands spécialistes qui s’activent à Bordeaux depuis des années? Le nombre important d’intervenants, aveugles et pourtant spécialistes interroge le bon sens…

Il reste qu’il est important de s’interroger sur le reste de l’immeuble. Sur les gardes corps des coursives, très insuffisants pour résister à un choc et qui risquent céder. Sur les canalisations de gaz qui courent sur les murs, sur les canalisations d’eau qui ne sont pas protégées, sur les fenêtres qui ne sont pas étanches à l’air, sur l’état d’entretien des communs… les 800000 € seront-ils suffisants ?



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