Présidentielle : Emmanuel Macron l’ignore, mais il a déjà perdu!

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Les sondages semblent conforter l’hypothèse d’une réélection d’Emmanuel Macron, minimisant ainsi le poids de la grogne populaire. En réalité, le président-candidat a déjà perdu même s’il l’ignore encore, analyse Frédéric Saint Clair dans Valeurs Actuelles.

Emmanuel Macron est désormais entré en campagne. Résultat : un meeting à Marseille qui devait être plein et dont un plan d’ensemble a révélé qu’il était presque vide. Des déplacements en province qui avaient pour objet de montrer un président-candidat au contact des Français et qui ont révélé l’hostilité de la France populaire à son égard. Des photographies censées dévoiler l’intimité sexy d’un chef d’État lors d’un moment de détente, mais qui ont laissé apparaître un adolescent hilare et débraillé en clone de BHL. Dans les trois cas, échec d’une scénographie savamment orchestrée, qui peine à dissimuler l’effondrement de celui qui était apparu en 2016 comme le nouveau Kennedy français.

Celui que les médias avaient décrit en 2017 comme un génie politique gaullo-mitterrandien, spécialiste de Machiavel et disciple de Paul Ricœur, apparaît désormais aux Français des territoires comme un petit con arrogant et incompétent. Entre ces deux extrêmes, la vérité est toute simple : Emmanuel Macron n’est ni plus ni moins que la pire erreur de casting de la Ve République. Dans l’ouvrage d’Anne Fulda paru en 2017, Emmanuel Macron, un jeune homme si parfait, Jacques Attali révélait en toute modestie, comme à son habitude : « Emmanuel Macron ? C’est moi qui l’ai repéré. C’est même moi qui l’ai inventé. Totalement. »

La clef, pour comprendre comment Marine Le Pen pourra l’emporter avec seulement 350 000 voix d’avance, réside dans ce panel d’électeurs potentiels que les sondeurs ne questionnent, par définition, jamais : les abstentionnistes.

Emmanuel Macron est effectivement une invention mondaine et médiatique, un fake, un produit de la société du spectacle, inauthentique, à l’image de son meeting de Marseille : en apparence, il semble y avoir de l’épaisseur, du mouvement, de l’intensité, mais dès qu’on prend un peu de champ, comme l’a fait Paul Larrouturou, on se rend compte de l’immensité du vide. Sa politique en témoigne autant que son image : la communication léchée des ministres ne parvient plus à masquer le réel, ainsi qu’on a pu le voir lors du débat entre Gérald Darmanin et Jordan Bardella. Une fois passés les effets de style et les petites phrases, les chiffres sont là, accablants ! Le ministre de l’Intérieur s’est donc fait plier, comme cela risque d’arriver à Emmanuel Macron lors du débat de mercredi si Marine Le Pen joue sa partition avec rigueur et sérieux.

Le subterfuge pourrait-il cependant fonctionner une fois de plus ? Emmanuel Macron et son entourage y croient. Il a ainsi dragué l’électorat musulman, et même sa frange radicale, en vantant les mérites d’un concept des plus hasardeux : le “féminisme islamiste”. Il a dragué de la même manière l’électorat woke de Mélenchon. Et enfin, il a tenté d’incarner la République aux yeux de ceux qui, dans le système politique bon teint, se sont drapés d’une vertu auto-proclamée : PS, PCF, EELV, etc., toute cette gauche morale pourtant héritière de partis politiques collabos ou staliniens. Mais, soyons clair, cela ne suffira pas. Car l’orgueilleux Mélenchon ne sera pas, même s’il le souhaite ardemment, l’arbitre de ce second tour. Son électorat s’abstiendra majoritairement. Tout comme l’électorat du NPA ou de LO.

Même chez LR, on ne se reportera pas sur le président au taux annoncé par les sondeurs : 45 %, car les ciottistes s’y refuseront. Seuls les cocus d’EELV et du PS iront majoritairement faire leur devoir de citoyen le doigt sur la couture du pantalon. Ce sera insuffisant.

Car la France est lasse de cette politique de série B. Elle n’en veut plus. Elle ne rêve pas pour autant de Marine Le Pen, mais elle a besoin que la démocratie respire ; elle a besoin que les idées évoluent, que les politiques publiques changent, que l’histoire déroule son fil. La clef, pour comprendre comment Marine Le Pen pourra l’emporter avec seulement 350 000 voix d’avance, réside dans ce panel d’électeurs potentiels que les sondeurs ne questionnent, par définition, jamais : les abstentionnistes. 25 % d’abstentionnistes suffiront à faire basculer le scrutin. 25 % de mécontents, de non vaccinés, d’oubliés, d’exclus, de Français dignes pourtant mais constamment méprisés, de Français décidés à tourner la page de cette anomalie politique que l’on a nommée « macronisme », suffiront à rendre à la démocratie un peu de souffle.

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