Mercredi 15 juillet 2020, de passage en Gironde, j’y visite Malagar, la maison de François MAURIAC et j’achète GENITRIX, le roman écrit en 1923 et qui lança sa longue carrière d’écrivain mondialement reconnu, couronné par le prix Nobel de littérature.
Genitrix ? Le roman noir de trois personnages membres de la bourgeoisie. Elle, Madame Cazenave, la génitrice d’un unique fils. Il est sa propriété exclusive, façonné patiemment dès l’enfance. Ne vivre que par elle et pour elle. Lui, Ferdinand Cazenave, 50 ans, l’inconsistant ; sans profession bien que diplômé de l’école centrale. Il est sans désirs, sans autre horizon que la maison de famille. Ferdinand est le consentant prisonnier de sa mère adorée. L’autre, Mathilde, l’intruse, la première victime, sa jeune femme enceinte si peu existante que son mari dort loin d’elle à côté de sa mère. Dès les premières pages, elle meurt d’une fièvre puerpérale, consécutive, à la mort de son enfant avant même sa naissance. Seule dans sa chambre, abandonnée à son sort, consciente mais résignée, elle sait que personne ne répondra à son appel.
Quel sera le destin de la mère et du fils après cette mort ? Lisez ce grand roman.
Trois autres personnages encore, la vaste maison bourgeoise et la gare de Langon qui se font face et constituent l’unique cadre du roman, et Marie la bonne, esclave soumise, grâce à laquelle le roman se terminera sur une modeste lueur de sentiment humain.
La triste maison du roman existe à Langon (33430) à quelques kilomètres de Malagar. Mauriac y a vécu dans son enfance et elle porte aujourd’hui le nom de «Château Mauriac». Elle est séparée de la gare par un boulevard très fréquenté et on comprend pourquoi l’écrivain a ponctué son roman par le bruit d’arrivées ou de départs des trains. Lui-même n’a décrit ni l’extérieur de la maison, ni le parc, ni la gare, il n’a retenu que les trains… le seul bruit de l’extérieur qui anime un peu le monde clos et sordide de ses personnages intemporels.
Éléonore.
