C’est une première, relevée par Charlotte d’Ornellas dans le JDD, suite au procès d’un imam à Montpellier :
Les hadiths ne sont pas l’apanage des islamistes. Ils font partie intégrante de la tradition islamique tout court.
Or ce n’est pas la première fois que l’un d’eux est à l’origine d’un procès. En 2022, l’imam de la grande mosquée de Toulouse, Mohamed Tataiat, avait été condamné en appel à quatre mois de prison avec sursis, cinq ans après un prêche sur le « combat final » entre juifs et musulmans, pendant lequel il avait récité par cœur la phrase suivante – ne se sachant peut-être pas filmé :
« Le jour du jugement n’arrivera que quand les musulmans combattront les juifs. Les juifs se cacheront derrière les pierres et les arbres, et les pierres et les arbres diront : “Ô musulman, ô serviteur d’Allah, un juif se cache derrière moi, viens et tue-le.” » (haddith sahi c’est à dire le plus fiable al-Boukhari, n° 3593 )
L’imam en question n’est pas un esprit faible non plus, il est même titulaire d’un doctorat en théologie de l’université du Caire, réputée dans le monde sunnite.
Les avocats de l’accusé, maîtres William Bourdon et Vincent Brengarth, avaient interrogé le tribunal :
« Appartient-il au juge de dire si tel ou tel hadith peut être utilisé ou non par un imam ? »
Question cruciale. Le procureur avait contourné l’affrontement :
« Vous êtes à la barre non parce que vous êtes imam, ou que vous avez cité un texte sacré, mais parce que vous l’avez fait dans des conditions à engendrer la haine. »
L’avocate de l’Organisation juive européenne, Andréa Assor-Doukhan, partage l’analyse :
« Il ne s’agit pas de demander au tribunal d’apprécier le bien-fondé d’un texte religieux mais de constater que sous couvert du caractère religieux d’un écrit, cet imam a diffusé un texte appelant au meurtre des juifs dans un contexte inflammable, et que le caractère religieux du texte ne peut faire obstacle à la juste application de la loi pénale. »
Interrogé en marge du procès de l’imam toulousain, le recteur de la grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, avait contesté l’usage de ce hadith, jugeant qu’il aurait du « rester dans l’oubli », bel exemple de taqiya !
Le problème est que le hadith en question n’est pas tombé dans l’oubli puisqu’il figure dans les deux recueils majeurs de hadiths, c’est à dire sahis, du sunnisme, ainsi que dans Les Jardins des vertueux, sorte de compilation de versets du Coran et de hadiths, qui s’enorgueillit d’être « l’ouvrage religieux le plus lu dans le monde » après le Coran.
Nombre de musulmans adoptent, sans doute…, une lecture critique de ces hadiths. Mais l’écrit demeure, intact, dans la littérature proposée aux fidèles, voire dans les prêches qu’ils entendent.
Or, avec ou sans contexte, la phrase contrevient objectivement à l’interdiction de l’appel à la haine contenue dans les lois françaises.
Ce que vient à nouveau de rappeler un tribunal.