Le 7 juillet prochain, au dépouillé des résultats en fin de journée, ce sera, enfin, LE GRAND SOIR !
Du moins pour ceux qui y croient encore, et ils sont nombreux. Ils en rêvaient depuis si longtemps, si longtemps que certains avaient fini par en désespérer. Il arrive enfin !
Voilà que Macron, avec sa dissolution surprise, leur en fournit sur un plateau l’inespérée occasion : se battre face à face contre les fachos, les vrais, l’ennemi, que dis-je, le diable absolu, et le pourfendre.
L’occasion ne se représentera sans doute pas de sitôt de terrasser définitivement la bête immonde. Il faut la saisir, ne pas la laisser passer.
Nous, il nous faut bien nous convaincre que c’est ça que nos ennemis ont dans la tête, à la veille de ces élections.
Par son apparemment folle décision de dissoudre l’Assemblée nationale, Macron leur a donné la possibilité inespérée de ressouder la gauche, comme elle n’avait pas pu le faire depuis longtemps.
Et cette gauche réunifiée a de toute évidence des chances de l’emporter, grâce à sa dictature morale sur l’ensemble de la société, à commencer par les élites, les médias, le monde de l’enseignement, la très grande majorité des fonctionnaires, dont l’appareil judiciaire, la majorité du clergé catholique, tous ces pôles d’influence dont le mot d’ordre unifié est de faire taire, par quelque moyen que ce soit, l’expression populaire nationale.
En dépit de ses lourdes divergences internes, criantes même parfois, la gauche a su se réunir presque comme un seul homme, en tous cas mieux que le “bloc de droite” autour du RN. Et c’est là sa principale force.
Mais la victoire du « nouveau front populaire » n’est pas certaine.
Les sondages publiés à l’heure actuelle mettent encore le “bloc de droite ” devant le “bloc de gauche”. Mais cela ne va pas sans doute pas durer avec le battage médiatique massif en faveur du « bloc de gauche » auquel on assiste. La différence entre les deux s’étiole au fil des jours et elle ne tardera pas à tenir dans la marge d’incertitude. Tout est possible.
Nos ennemis regroupés dans le « nouveau front de gauche » peuvent gagner. S’ils gagnent, on aura droit pendant plusieurs années à un gouvernement d’extrême gauche, ce que n’a certainement pas voulu le peuple français tel qu’il s’est exprimé le dimanche 9 juin. Merci Macron.
Le peuple français ne se soulèvera pas contre cette imposture. La rue, c’est surtout la gauche qui la tient. La police de Macron ne laisse pas à la droite la même liberté dans la rue que celle qu’elle laisse à la gauche.
Ceci étant on peut constater que la campagne de la gauche, à bien des égards, n’est pas bonne. Sa réunification rapide et mal soudée a libéré sans entrave, comme avant, ses outrances et ses fantasmes.
Pour commencer l’outrance de la reductio ad hitlerum de tout ce qui n’est pas de leur bord. Quand cette insulte ne frappait que 15 à 20 pour cent de la population, cela passait, le reste l’acceptait. Aujourd’hui elle s’adresse à 40, voire 50 pour cent des électeurs. On n’insulte pas impunément ceux dont on revendique de défendre les intérêts, car ceux de tout le pays. L’impact n’est pas le même. L’injure ne passe plus.
Les manifestations assorties de casses sont très impopulaires. Les médias s’efforcent de ne pas trop en parler, mais ils ne peuvent pas les ignorer totalement. Il est clair que c’est la gauche qui casse les boutiques et blesse les policiers dans la rue, pas la droite. L’impact médiatique est terrible.
Et puis il y a les annonces de programme politique hallucinantes, cette nouvelle union de la gauche se croyant revenue aux rêves de 1981 : la « chasse aux riches » débridée, le smic démesurément augmenté, l’impossible retraite à soixante ans, les portes de l’immigration grandes ouvertes, les dérives sociétales délibérément aggravées et accélérées….
À côté de cela, le “bloc de droite”, les psychodrames Zemmour et Ciotti passés, mène une campagne bien sage, exemplaire même, responsable, au moins en comparaison. Le 7 juillet au soir cette “droite”, celle du RN, de Marine, Bardella, Marion et Ciotti peut avoir gagné.
Et c’est là que ça risque de déraper, de barder.
Il y a quelques jours un commentateur, manifestement de gauche, écrivait sous un article du Figaro :
“Jamais, jamais, jamais on ne laissera le pays aux mains du RN.
Le nécessaire sera fait pour qu’ils ne puissent JAMAIS gouverner.
Ça il faut bien se le mettre en tête dès maintenant”.
La volonté d’en découdre physiquement est claire.
Le dénommé Glucksmann, le prochain remplaçant désigné de Macron par les financiers créanciers du pays, appelait il y a deux jours “à la mise à mort” du RN. Ce n’est pas seulement un appel au meurtre, c’est clairement un appel à l’insurrection.
Il y a quelques années, un de mes enfants, que je n’avais pourtant pas éduqué comme ça, m’a déclaré, à la sortie de ses études universitaires que “si un jour Le Pen prenait le pouvoir, même par la voie des urnes”, il “prendrait les armes”. Le bourrage de crâne avait été bien fait.
Sur le blog plutôt modéré tenu par un ancien magistrat on peut lire aujourd’hui :
« Pour le coup, les émeutes que l’on a connues avec le mouvement des Gilets jaunes, qui, soit dit en passant, a été récupéré par l’extrême gauche et ses black blocs, seront bien insignifiantes face à la colère de la rue. »
Ici l’appel à l’insurrection dans toute la France est clair :
https://lessoulevementsdelaterre.org/en-eu/blog/pour-un-soulevement-antifasciste
Ce sera le blocage de toute la France.
Il ne manque que l’appel à amener les fusils. Or on sait que ceux-ci existent et sont prêts à être utilisés.
Soyons réaliste, il ne faut pas se faire d’illusion, ces gens sont prêts, moralement, à l’insurrection, contre la République, contre nos institutions, contre la démocratie. Les vrais fachos, ce sont eux.
Prêts moralement, et vraisemblablement prêts physiquement aussi.
Et il est tout à fait possible qu’ils s’y risquent. Et eux, ce sont des ennemis, de vrais ennemis, à traiter comme tels. C’est la guerre.
À l’Ecole de Guerre, pour ceux qui sont passés par cet établissement de l’enseignement militaire supérieur, on apprend une chose : à la guerre on doit absolument imaginer tous les scénarios d’action possibles de l’ennemi, même les plus improbables, a priori. On doit prévoir la façon de réagir à chacun de ces scénarios. La “faute” des amiraux français à Mers-el-Kébir le 3 juillet 1940, après la défaite, a été de ne pas avoir imaginé que les Anglais, pourtant les alliés de la veille, puissent être capables de venir nous attaquer. Ainsi se sont-ils laissés surprendre.
Le 7 juillet prochain, si le RN est en passe d’avoir la majorité à l’Assemblée, il faut s’attendre à un déclenchement de l’insurrection en France, partout.
Le feront-ils ? Ne le feront-ils pas ? On n’en sait rien. Mais il nous faut, dès à présent, envisager cette perspective. Tant mieux si elle ne se produit pas, mais il nous faut la prévoir. Même si le pire, comme on dit, n’est jamais sûr.
Que ferons-nous alors ?
Macron, lui dont la priorité affichée est “de ne pas laisser le RN accéder au pouvoir”, ne fera rien, ou presque.
Les forces de police et de gendarmerie, aux ordres d’un pouvoir pusillanime, seront de toute manière débordées.
L’Armée, d’elle-même, ne réagira pas. Les cicatrices du putsch manqué de 1961 n’ont jamais été totalement guéries.
Alors, oui, je pose la question : que faisons-nous ? En cas d’insurrection armée des forces de gauche.
J’en appelle au sens civique de chacun.
Capitaine de vaisseau (H) Yves Maillard