Quand la presse de gauche lave plus blanc que blanc

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Lu dans l’Observatoire du journalisme. Les donneurs de leçon du « camp du bien » sont sous le feu des projecteurs! Ils sont tellement sûrs de détenir la vérité qu’ ils sont aveuglés par leur idéologie.

En pointe dans la lutte contre le racisme et les discriminations, toujours prête à donner des leçons de morale aux Français, la presse de gauche libérale libertaire ne pratique pas vraiment son idéal de diversité. Pour preuve : la dernière photo de la rédaction de L’Obs en juillet 2021, qui a provoqué un petit séisme sur les réseaux sociaux, permettant d’exhumer un cliché analogue de Libération publié il y a six ans.

C’est ce qu’on appelle un coup double pour Le Nouvel Obs ! Que des blancs et pas de masques !

Une photo de famille qui flaire bon l’apartheid pour une rédaction pourtant très à gauche et réputée pointilleuse sur les questions de racisme… Mais aussi une photo sans masques !

Le cliché, pris le 6 juillet et publié le 7 sera suivi le 8 juillet d’une publication du journal dénonçant le non port du masque au festival de Cannes. « Faites ce que je dis, pas ce que je fais », une formule éculée qui prend tout son sens alors que L’Obs s’était ému des réunions « non mixtes pour personnes racisées ».

Que ce soit en matière d’antiracisme ou de morale covidienne, les journalistes de L’Obs semblent ici cruellement manquer de cohérence.

La réponse de l’auteur

Le journaliste à l’origine de la photo a naturellement été alerté sur les réseaux sociaux de l’incohérence de cette photo ; il s’agit de Pascal Riché, cofondateur de Rue89.

Celui-ci a répondu avec une défense peu convaincante, expliquant ni plus ni moins que l’Obs n’était pas la seule rédaction dans ce cas là…

Des échanges fleuris qui mettent en exergue la difficulté qu’ont les rédactions parisiennes de gauche à se mettre au diapason de leur logiciel idéologique. Pascal Riché, à l’origine de la publication du cliché monochrome de L’Obs est par ailleurs « young leader » de la French American Foundation. Une jeune pousse plus toute jeune (59 ans) qui a appris son catéchisme journalistique chez Libération où il a sévi de 1989 à 2007.

Voir aussi : L’Obs en grand danger d’attrition ?

Le précédent Libération

De Libé à L’Obs, ces deux grandes rédactions françaises s’empressent l’une comme l’autre de donner des leçons de racisme tout en peinant à se colorer. Une photographie d’une partie de la rédaction du journal Libération prise sur le toit de ses locaux témoigne également de l’absence de « diversité » dans les équipes. L’affaire avait tellement agité les réseaux sociaux qu’en juillet 2018, un journaliste de Libération avait cru nécessaire s’en expliquer dans un article fleuve. Un article signé Cédric Mahiot qui aujourd’hui est spécialisé dans le « check news » —  à savoir, dire ce qui est vrai ou faux. Une passion pour la vérification/interprétation qu’il développe depuis 2008 et la création de la rubrique « Désintox » dans Libé.

https://www.liberation.fr/checknews/2018/07/03/la-redaction-de-libe-est-elle-blanche_1662546/

Dans ce papier sobrement intitulé La rédaction de « Libé » est-elle « blanche » ? 

Le journaliste explique tout d’abord que le journal n’a pas à rendre de compte car « on n’a pas envie de ranger ses collègues par couleur de peau ». Dans le cas de Libé, le tri serait assez vite fait.

Vient ensuite le classique argument « les autres non plus » ; le journaliste explique par ailleurs que dans les ministères non plus ce n’est pas très coloré. Et enfin, le journaliste fait acte de repentance en répondant à la question « Sommes-nous une rédaction « blanche » ? On l’a été. On l’est encore. Ça a changé un peu. On part de loin. ». Le tout saupoudré d’excuses peu convaincantes citant des noms à consonances nord-africaines de journalistes passés par Libé et affirmant qu’il y a bien des « non-blancs » mais pas comme journalistes mais plutôt dans des services autres du journal comme la photo, la documentation et les services administratifs et informatiques…

Même pas l’honnêteté de citer le personnel qui fait le ménage (qui doit d’ailleurs trimer pour le compte d’un prestataire).

Cependant l’auteur nous rassure en expliquant que depuis 2015, quelques journalistes labellisés diversité ont été embauchés… Mais quand Pascal Riché écrivait ce papier, l’intégralité de son service était encore « blanc ».

Dans le cas Libé, ce sont les réseaux sociaux et plus particulièrement des comptes de droite qui avaient dénoncé l’hypocrisie du journal. Dans le cas de L’Obs, les critiques sont aussi venues de la gauche et notamment de Taha Bouhafs.

C’est là une nouveauté qui s’inscrit dans les luttes intestines de la gauche et de son américanisation à travers le phénomène que l’on qualifie souvent de « mouvement indigéniste ».

Une inquiétante chasse aux sorcières

Si voir les journalistes de Libération ou de L’Obs être vivement critiqués par leurs confrères peut paraître jouissif à quiconque ne goûte pas de la morale dispensée dans cette presse, le climat délétère que révèle ces dénonciations peuvent inquiéter. En effet, quand une journaliste du Monde, Sev Kodjo-Grandvaux, très intéressée par la question raciale, en vient à dénoncer ses petits camarades de Libé car ceux-ci n’ont eux-mêmes pas dénoncer un artisan qui commet le crime de vendre des têtes de nègres et dont Libé a vanté les mérites, on peut se demander quelle sera l’étape suivante.

L’étape suivante pourrait bien être une auto-censure grandissante des médias de la gauche française. Une tendance qui a déjà commencé dans la presse de gauche américaine avec l’affaire Bari Weiss, du nom de cette journaliste (voir notre article) qui a démissionné de son poste au New York Times en réaction aux pressions dont elle faisait l’objet sur des questions raciales notamment (de genre également). Une dérive que n’ignore pas Libération ni Le Monde qui ont tous deux écrit à ce propos. Au moins ces journalistes ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas.

Voir aussi : Libération, infographie

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