Guerre de l’information, changements de récits et haine autorisée

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NDLR : Nous répercutons cette tribune libre parue sur le site de l’OJIM. La période que nous vivons nous rappelle le roman d’Orwell, 1984, où tous les jours, les « citoyens » participent à des « minutes de la haine ». Les réseaux sociaux ont déclaré ne pas appliquer les « standards de la communauté » concernant les « discours de haine » à propos de la Russie et des russes. En aurions nous fini avec le « padamalgam » et « vous n’aurez pas ma haine »?

À titre exceptionnel nous publions un éditorial dans ces temps de guerre — exceptionnelle aussi — de l’information. Non pour prendre parti, mais pour disposer d’un peu de recul au milieu du tintamarre.

1. Vladimir Poutine a tué le Covid. Un récit a remplacé l’autre. Le récit crimes de guerre a remplacé le récit Covid. Avec le même fond musical et le même refrain : la peur et ses diverses orchestrations.

2. Le conflit a tué également l’élection présidentielle française remplacée par un roman photo dont la dernière image – une réélection triomphale et heureuse – se laisse deviner de manière de moins en moins subliminale.

3. L’unanimité est toujours suspecte. Du Monde au Figaro, de Médiapart au Point, des radios privées et publiques aux télévisons publiques et privées la ritournelle est quasi la même, avec des variations de style. Il n’est pas interdit de s’en étonner. Et même d’en analyser certaines causes, nous le ferons plus au calme.

4. La propagande existe des deux côtés.

5. La propagande russe est massive à domicile, les médias étrangers sont interdits et les journalistes russes muselés. Mais ceci en Russie seulement..

6. La propagande américano-ukrainienne est toute aussi massive à l’ouest, les médias russes sont interdits. Chez nous et dans toute l’UE.

7. Les russes ont renoncé au soft power de l’information, les seuls communiqués laconiques sont ceux du commandement russe indiquant les progressions militaires (avec retard bien entendu et sans doute de manière douteuse), le nombre de tués et de blessés (avec retard aussi, même commentaire).

8. Le soft power américain est une arme de guerre. En 1990, le géopolitogue américain Joseph Samuel Nye l’avait théorisé dans un livre célèbre, The Changing Nature of American Power qu’il a complété en 2004, Soft Power: The Means To Success In World Politics. Le soft power, nous citons « met en forme les préférences de l’autre à travers la culture, les valeurs et les politiques étrangères », (nous mettons en caractères gras les derniers mots) ; en une phrase « la meilleure propagande n’est pas la propagande ». Ce soft power n’exclut pas le hard power, il le complète à moindre coût.

9. La haine, autrefois objet de répulsion devient autorisée. Les réseaux sociaux américains autorisent (encouragent ?) leurs utilisateurs à appeler au meurtre contre les russes et leurs dirigeants. Il faudra s’en souvenir plus tard quand les « discours de haine » seront de nouveau bannis de manière univoque et viendront justifier la censure.

10. Le refrain de l’UE, repris par nombre de journalistes amnésiques, « il s’agit de la première guerre en Europe depuis 1945 », n’est qu’un mensonge. En 1999 les avions de l’OTAN ont bombardé pendant 78 jours la Serbie, occasionnant des centaines de morts civils.

Le schéma narratif se poursuit. À suivre, hélas.

Claude Chollet

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