NDLR : Nous partageons l’analyse de Jean Gilles Malliarakis ci dessous. Si on rajoute le record d’abstention, les bulletins blancs et nuls, on assiste à un système moribond où les citoyens sont remplacés peu à peu par des « clients ». Et moins il y a de votants, plus on peut arroser ceux ci pour les fidéliser. Et le grand cirque « démocratique » peut se perpétuer, avec ses jeux de rôle, les gentils et les méchants, véritable théâtre d’ombres. Tout cela au service d’une caste dirigeante qui n’a que mépris pour les citoyens et qui obéit à des ordres venus d’ailleurs…
Plus encore qu’à l’accoutumée la soirée électorale de ce 12 juin, nous a livré en façade un triomphalisme général de toutes les forces politiques. Ceci sans doute pour aborder un second tour qui risque encore de nous ménager des surprises. Tous crient victoire alors que tous ont échoué, en fait, dans leurs divers objectifs. À tout seigneur, tout honneur on commencera par le gouvernement qui n’obtient que 25,8 % des suffrages exprimés. Ainsi, pour la première fois depuis 40 ans, il ne confirme pas aux législatives sa victoire des présidentielles. Présentée comme arrivée en tête, avec 26,1 % la coalition imposée par Mélenchon sait qu’elle ne dispose d’aucune réserve. La mine défaite de son chef contrastait avec un discours écrit se voulant mobilisateur.
L’étiquetage du ministère de l’Intérieur masque volontairement le poids des diverses droites. Elles représentent un total de RN 18,7 + LR-UDI 11,3 + reconquête 4,2 + « droite » 1,9 + « centre » 1,3 : cela fait plus de 37 %. même en ayant laissé de côté les 3,8 « divers » dont 1,1 souverainistes comme Nicolas Dupont-Aignan qui peut l’emporter dans l’Essonne, ou comme Emmanuelle Ménard classée « divers extrême droite » dans l’Hérault. Additionnées tout cela représente beaucoup plus que la gauche et la Macronie.
En 2017, une seule triangulaire avait survécu à la barre des 12,5 % des inscrits. Cette année, il n’en a subsisté encore que 8 sur 577 circonscriptions. Ceci maintient à un niveau marginal cette forme d’arbitrage qui jouait jadis un rôle essentiel dans un scrutin à deux tours.
Le vieux clivage droite gauche reste donc profondément ancré et même le pouvoir actuel, qui prétend l’abolir, va chercher à s’en servir en agitant, avec le concours des médias, le chiffon rouge de Mélenchon.
Reconnaissons que le plus indiscutable vaincu, depuis la circonscription du Var qu’il aurait pu emporter, a su faire face avec panache. Sa parole manquera à la qualité des débats parlementaires. Observons que son unique député sortant, Guillaume Peltier, ex-LR qui avait pris le risque de s’engager aux côtés de Reconquête et se trouve battu dans le Loir-et-Cher relève lui aussi le défi en soulignant la nécessité de l’union des droites.
L’insatisfaction civique se traduit par 52 % d’abstention, battant le record de 2017, auxquels il faut ajouter 2,2 % de bulletins blancs et nuls.
Ce progrès de l’abstention me paraît en définitive le résultat le plus notable de ce premier tour.
Évoquons un intéressant constat. Il a été mis en évidence ce 7 juin par une étude par sondage, publiée par l’institut Kantar. Cet organisme se présente comme « le leader mondial de la data (?), des études et du conseil. » Laissons de côté l’aspect dérisoire d’une telle auto-affirmation pompeuse et notons ici qu’il examinait le contexte politique de notre pays avant les élections législatives.
Voici ses observations : « À quelques jours du premier tour des élections législatives, l’opinion des Français reste très flottante : un intérêt relativement faible, des enjeux peu définis, et une institution qui reste peu connue par une grande majorité des Français ».
D’une façon plus significative encore, l’étude souligne le fait que 2 Français sur 3 ne connaissent même pas le nom de leur député. Que penser dans ces conditions de l’état actuel, dans l’île du Dr Macron, de ce que nous appelons encore démocratie « représentative ». On peut s’en inquiéter puisqu’il s’agit certes – selon la formule de Churchill – du « pire des régimes à l’exception de tous les autres » ?
Faut-il s’étonner en retour de la poussée des conspirationnismes, du sentiment d’être gouvernés par des puissances qui ne rendent aucun compte de leurs décisions, de leurs instances et de leurs débats ?
La médiocrité de nos médias me semble porter à cet égard une lourde part de responsabilité.
JG Malliarakis