Le cinéma français est moribond et c’est Nicolas qui paye !

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Paru dans l’indifférence l’année dernière, un rapport de l’Inspection Générale des Finances dresse un portrait sans complaisance du cinéma français — une industrie où l’abondance de subventions a fini par étouffer l’exigence artistique et la logique économique…

Ainsi près de 300 longs-métrages sont produits chaque année en France. Mais derrière ce chiffre, symbole d’un « modèle culturel unique », se cache une réalité bien moins glorieuse:

– Près de la moitié de ces films ne dépassent pas 20 000 entrées en salle.

– Et à peine une vingtaine franchissent le cap symbolique du million d’entrées.

– En réalité près d’un film sur trois reste déficitaire même après avoir été aidé — et sans l’aide, plus de huit sur dix le seraient.

– Même les plus gros budgets, censés “tirer” la filière, échouent : 66 % des films à plus de 15 M€ restent non rentables, malgré le soutien public.

Plus les films coûtent cher, plus ils ont de chances de perdre de l’argent, et moins le risque économique existe, plus les films se multiplient.

Résultat : les producteurs n’ont plus besoin de rencontrer leur public, il leur suffit de plaire aux commissions… 

C’est typique de ce qu’on appelle le « capitalisme de connivence » !

Le rapport IGF le résume d’une phrase d’une ironie glaciale : « Le dispositif d’aides contribue à entretenir un niveau de production élevé, parfois déconnecté du public et des capacités de financement du marché. »

▶️ Comme si la surproduction et la sous-rentabilité ne suffisaient pas, le coût global du soutien public a explosé. En 2023, les différentes formes d’interventions publiques dans la filière cinéma totalisent près de 1,2 milliard d’euros. C’est un modèle unique au monde : le subventionnisme contracyclique de la médiocrité.

▶️ À l’image du récent rapport de la cour des comptes sur France Télévisions, on découvre que la « diversité culturelle » est surtout devenue le paravent d’un système où la surproduction protège les insiders : producteurs agréés, distributeurs subventionnés, et télévisions complices qui investissent l’argent public pour cocher des cases réglementaires.

En somme, le cinéma français est devenu une aristocratie subventionnée, où les enfants d’acteurs tournent pour les enfants de producteurs, qui sont eux-mêmes mariés aux enfants de scénaristes. Un système clos, où l’entre-soi a peu à peu remplacé le talent, et où l’audace se mesure à la longueur du dossier CNC.

▶️ Le cinéma français offre une illustration concrète de tous les travers de notre modèle économique :

– il est à la fois moralisateur, étatisé et élitiste,

– protégé au nom de l’exception culturelle,

– mais incapable de s’autoréguler ou d’innover sans argent public.

L’IGF, sans le dire, montre que le « capitalisme de connivence » à la française n’a pas besoin de méchants patrons : il prospère dans les bureaux du CNC, entre deux comités d’aide sélective.

Le cinéma français est bien devenu un banquet sans convives. Et si, pour le sauver, il fallait commencer par lui couper les vivres ?

https://igf.finances.gouv.fr/files/live/sites/igf/files/contributed/Rapports%20de%20mission/2024/2024-M-017-03%20RDD-Aides%20au%20cin%c3%a9ma%20version%20web.pdf

 

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