Éloge de la Normalité

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Déjeuner sur l'herbe - Edouard Manet - 1863

« Elle est devenue ingouvernable, cette « terre gâtée» où les nouvelles souffrances se
déguisent sous le nom des anciens plaisirs; et où les gens ont si peur. Ils tournent en rond
dans la nuit et ils sont consumés par le feu. Ils se réveillent effarés, et ils cherchent en
tâtonnant la vie. Le bruit court que ceux qui l’expropriaient l’ont, pour comble, égarée. »
Guy Debord

Les polémiques actuelles autour de la PMA, GPA, du désir transgenre etc …. c’est-à-dire de toutes les individualités inventées, façonnées etc … nous renvoient au débat premier et fondamental sur le concept de normalité … assimilé par beaucoup à une injure, une attitude discriminatoire etc …

Lorsque je faisais mes études d’anthropologie, mon bon maître, Sory Camara (griot malinké), a défini cette normalité (dans un environnement social déterminé et un espace défini) comme un ensemble commun de préjugés, c’est-à-dire d’opinions « préalablement» partagées et non discutables. Définition absolument non péjorative et de bon sens. Camara ajoutait que lorsqu’on croisait un semblable dans un espace social, chacun savait ce que l’autre allait dire, penser et quelles seraient ses réactions. Pour satisfaire les tendances (ou pulsions) anormales (individuelles, non partagées dans l’instant etc .. ), il évoquait la forêt (réelle ou symbolique) où « la liberté» était autorisée. Ce qui importait et assurait l’ordre social (la paix sociale), c’était l’aptitude de chacun d’aller de la forêt au village et inversement.

Ceci méritait d’être évoqué en préambule à notre débat dont nous établirons la source dans la notion d’homosexualité.

Lors de mes études de psychiatrie, l’homosexualité était enseignée comme une perversion (au sens de distorsion de la normalité, et donc de manière non péjorative). L’homosexualité a toujours existé (Socrate, César etc … en étaient), mais jamais elle n’a été considérée comme l’expression de la normalité, mais simplement comme une pratique (ou un désir) transgressive. L’obtention d’un statut de normalité via le DSM1* a ouvert la porte à toutes les dérives.

La normalisation de l’homosexualité qui de tendance, a obtenu la caractéristique de statut, a conduit celle-ci à devenir une caractérisation identitaire. Celle-ci de ce fait a ouvert la porte au mariage, à la PMA, à l’identité transgenre etc ….

La suppression, en la matière, des interdits ouvre la porte au boulevard des dérives et pathologies sociales, à la banqueroute de l’équilibre sociétal et à la décomposition de l’être réduit au statut de sujet, c’est-à-dire de personne vouée à la consommation de produits, de personnes, en somme de tout ce qui est réduit à l’état de marchandise dans la société spectaculaire et mondialisée.

Cette réflexion nous conduit à postuler le refus de toute officialisation ou légitimation des déviances car la société contemporaine n’a d’autre caractéristique de ne tolérer aucune limite morale (éthique, sociale etc … ).
Si l’on veut en finir avec le mal et les dérives qu’il engendre, c’est la source qu’il faut tarir: la légitimation et la promotion de l’anormalité première, mère de toutes les dérives.

En conclusion nous nous proposons de réactiver la mémoire par ces quelques pages de l’ouvrage du Docteur Alibert.

PEDERASTIE et aberration sexuelle : extrait
La raison qui fait que ce crime est puni aujourd’hui de peines moins sévères qu’autrefois se trouve dans l’appréciation plus clémente des dépravations sexuelles en général ; d’autre part, dans ce fait, on regarde le penchant d’un individu pour un individu de l’autre sexe comme une impression sexuelle anormale.
A Athènes, c’était l’amour grec, il s’étalait au grand jour. Voltaire dit à ce sujet : « Malgré les idées si éloignées de nos opinions et de nos mœurs, ce vice était regardé chez les grecs comme une débauche honteuse, toutes les fois qu’il se montrait à découvert et sous les excuses de l’amitié ou de liaisons politiques. »
Chez les Romains, la prostitution pédéraste prit des proportions inouïes. Les pédérastes n’étaient même pas flétris par les lois. Le plus souvent, c’étaient des enfants d’esclaves qu’on avait dressés à ce commerce infâme, les enfants de louages. A côté de ces prostitués de profession, il faut citer les esclaves au domicile du maître.
Les hommes publics avaient souvent le caractère physique qui les rapprochait du sexe féminin ; sans barbe et sans poil, imprégnés d’huile parfumée, ayant de longs cheveux bouclés, vêtus de couleur voyante, principalement de couleur verte, le regard lascif et éhonté, la démarche nonchalante, le geste obscène et provocateur. Ils se reconnaissaient et à certains signaux : le signe infâme, qui consistait dans l’érection du doigt du milieu. Aussi le médius fut-il appelé à cause de cela le doigt infâme et un homme libre ne l’ornait jamais d’une bague. Ils habitaient une rue spéciale. Il y avait, comme de nos jours, des actifs et des passifs.
Aux XIVe, XVe et XVIe siècles, on vit apparaître dans toutes leurs horreurs les passions contre nature.
Sous Henri III, avec les mignons, ce fut le beau vice : le vice italien. Henri III passa avec Mangiron, qu’il aima le mieux, un contrat de mariage que tous ses favoris signèrent. On a incriminé de la même façon les papes Sixtes IV et Léon X, le duc de Vendôme, Monsieur frère de Louis XIV, le conte de Vandemois, Condé, le maréchal de Villars , le prince de Conti, le grand Frédéric etc, etc.

Daniel COSCULLUELA.

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