Naître à Mongaillard, n’était-ce pas déjà un signe du destin ?
Gaillard, il l’était, c’est donc tout naturellement vers le basket-ball que sa haute taille le dirigea avant de passer au ballon ovale
Mais dans les Landes, pays des tchanqueyres et terre de rugby, les grands gabarits sont très recherchés pour bâtir de solides paquets d’avants. Celui-là ne pouvait y échapper …
C’est le stade Montois, alors au zénith, celui des frères BONIFACE, AMESTOY, CAZALS, HILCOCQ, DARROUY et autres qui remarquera et engagera le phénomène. Aussitôt les feux du titre de champion de France 1963 éteints, il débarque …
Il révèle aussitôt ses qualités exceptionnelles : force physique, détente, adresse et vitesse. Alors qu’il n’a que quelques mois de pratique de l’ovale, il est sélectionné en équipe de France pour le Tournoi des Cinq Nations de 1964, il n’a que 21 ans. Il n’en sortira qu’en 1971, honoré de 63 sélections, un record à l’époque. Il formait avec son compère narbonnais Walter SPANGHERO une deuxième ligne d’exception. Cependant, il est écarté, alors qu’il était au sommet de son art, au profit de choix qui ont privilégié le redoutable pack du Béziers de Raoul BARRIERE.
Sa carrière se termina dramatiquement en 1975 lorsqu’il resta tétraplégique à la suite d’un plaquage raté contre un joueur du Stade Dijonnais. Au terme d’une longue rééducation il retrouvera ses moyens.
Le grand écrivain et journaliste, l’inoubliable Denis LALANNE (*), qui visait toujours juste, l’avait surnommé « le Grand Ferré », allusion à ce paysan picard qui cassa de l’Anglais pendant la Guerre de Cent Ans. De son lointain ascendant, Eric ZEMMOUR écrivit pour le décrire qu’il avait « la carcasse aussi grande que le cœur », on ne peut mieux dire. Les Anglais, DAUGA les aura fait souffrir pendant une décennie !
A ses qualités de force, de détente et d’adresse, qui lui ont permis d’innombrables conquêtes en touche, il ajoutait une vitesse de course inédite pour un avant. En passant de deuxième ligne à troisième ligne centre il s’est
offert des chevauchées plein champ digne des meilleurs trois-quarts. Il courait en levant les jambes ce qui le rendait impossible à plaquer, ses 11 essais en équipe de France témoignent de son efficacité. Malgré ses moyens hors norme il était d’une correction exemplaire. C’est lui qui mis fin par la discussion à une mémorable bagarre entre le XV de France et les Springboks en 1971.
Il figure sans contestation au panthéon des plus grands avants de l’histoire. Ses contemporains Colin MEADS, le All Black et Frik DU PREEZ, le Spingbok, ces deux monuments, n’ont jamais caché combien il les avait impressionné. Dans le milieu du rugby et en dehors, il était unanimement apprécié.
Ce grand Monsieur méritait bien un hommage .
Paul BEAUMARTIN
( * ) Privilège rare pour les grands, il lui dédia une biographie dans l’ouvrage :
« DAUGA » ( 1975, Calmann Levy )
Benoit Dauga est décédé le 3 Novembre 2022 à Mont de Marsan