UN SAUVEUR DE PACOTILLE

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NDLR : nous publions cette excellente tribune de J.G. Malliarakis qui redéfinit ce que doit être la droite. Burdigala Presse a pour ambition de travailler à une large union des droites, « pas d’ennemis à droite », mais pour cela il est indispensable de définir ce qu’est la droite et, à l’évidence certains politiciens, dont Xavier Bertrand, n’en font pas partie. D’ailleurs, lui et d’autres caciques LR parlent en permanence de leur « famille » politique, ce qui les rapproche d’une conception mafieuse de la société.

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Pathétique Xavier Bertrand. “Si nous perdons au premier tour, menace-t-il désormais, notre famille politique disparaîtra”. Postulant à la candidature, au sein du parti LR dont il avait claqué la porte en 2017, il se pose maintenant, dans le cadre de cette campagne, en sauveur de la droite.

Faut-il rire d’une telle prétention dérisoire… ou pleurer sur la tristesse de cette perspective ?

C’était pourtant déjà beau que ce personnage récurrent, immortalisé par le raseur Séraphin Lampion, préside depuis deux mandatures la région hybride des Hauts de France dessinée sur un coin de table par Hollande en 2014. Il doit cette promotion au soutien des socialistes en 2016. Régenter, sous Macron, la Picardie et la Flandre française, l’Artois et le Hainaut après avoir exercé, sous Sarkozy la fonction honorable de ministre de la Santé, ne semble pas suffire pas à son ambition. Il veut, nous dit-on empêcher de mourir la droite.

Mais quelle est donc la famille politique de Xavier Bertrand, longtemps participant assidu et, depuis 2012, seulement conférencier dans les réunions [hautement] philosophiques de la plus à gauche des organisations maçonniques, le grand-orient de France ?

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Il se définit comme gaulliste, et l’annonce initialement solitaire de sa candidature se prétend conforme à l’esprit du fondateur de la cinquième république et du discours de Bayeux…

Or, précisément jamais De Gaulle ne s’est rattaché lui-même à la droite. Il aimait à dire « mon seul rival international c’est Tintin ». Après lui vint, tel Sancho Pança succédant à Don Quichotte, le senhor Oliveira da Figueira « le blanc qui vend tout », et par la suite encore le colérique Capitaine Haddock. On ne l’imaginait pas s’incarner enfin dans l’exaspérant Séraphin Lampion.

On éprouve à vrai dire quelque difficulté à discerner la droite authentique dans tout ça.

Par définition la droite c’est l’ensemble des forces qui s’opposent à la gauche, comme la vie se définit comme celles qui résistent à la mort. Tant qu’il y a de la vie il y a de la droite.

Plus précisément qu’est-ce en France que la droite aujourd’hui ? Que veut dire ce mot ?

Aux États-Généraux de 1789, le roi fit asseoir à sa droite, comme à une place d’honneur son fidèle clergé, premier ordre et sa fidèle noblesse, second ordre de l’ancien régime. Alors pourtant deux partis, le « bas-clergé », et la « faction d’Orléans », largement travaillés par les idées révolutionnaires, s’employaient au sein de leurs élus à bouleverser l’antique édifice constitutionnel et corporatif de la France. Les défenseurs de la monarchie allaient se recruter au contraire indistinctement dans le peuple. En Vendée ce furent les paysans qui s’en allèrent chercher leurs messieurs, tel l’héroïque La Rochejaquelein pour la cause de Dieu, du roi et de la liberté. Déjà par conséquent, de fondation, la « droite » était devenue pour le moins plurielle.

Après l’échec de la tentative de restauration de 1873, puis la mort du comte de Chambord en 1883, la droite catholique et monarchique alla se fondre progressivement dans les aventures boulangiste, nationaliste, avant de dévier dans les ligues de l’entre-deux-guerres.

Car, de 1902 à 1972, plus aucune force politique, pas même l’Action française ne s’était ouvertement définie comme telle. Cela ne veut certes pas dire que, sociologiquement, la résistance aux idées utopiques et destructrices des gauches aurait jamais disparu dans les préoccupations de l’électorat. Seule la classe politique craignait l’étiquette conservatrice de la droite réputée disqualifiante. On vota donc sous la troisième république pour la Fédération républicaine, et sous la quatrième pour le Parti républicain de la liberté, puis pour le Centre national des indépendants et paysans.

Fondé à l’automne 1971, à l’initiative des militants d’Ordre nouveau c’est aux élections de 1972 que le Front national, alors minuscule, et dont Jean-Marie Le Pen avait pris le contrôle statutaire, fut le premier à revendiquer cette étiquette tombée en déshérence. Mais qu’on se souvienne de l’invective méprisante lancée, à cette époque, par Mme Veil : « vous représentez 1 %, quand on représente 1 %, on va se coucher ».

Puis à partir des années 1990 un certain Nicolas Sarkozy, un temps rallié à Édouard Balladur, la releva à son tour. Et cette étrangeté devint pour quelques temps sa marque de fabrique, alors que, la victoire chiraquienne de 2002, acquise grâce aux voix de gauche, permettait de gouverner à un parti se définissant seulement comme majorité présidentielle.

Ce malentendu touche à sa fin. Il est grand temps d’assumer de vrais principes de droite. Le hic avec Xavier Bertrand c’est que ce sauveur de pacotille ne les a jamais partagés.

Petite-chouette

JG Malliarakis 

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