XAVIER BERTRAND, LA DROITE OLFACTIVE

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Les adhérents LR ont choisi d’élire leur candidat à la présidentielle par un congrès à deux tours, et Xavier Bertrand s’y voit déjà. Les sondages témoignent pourtant d’une lente mais sûre dégringolade. Et pour cause, le patron des Hauts-de-France incarne cette fausse droite dont plus personne ne veut. Cabriole, hypocrisie et compromission : retour sur ses plus beaux faits d’armes.

Juillet 2021. Le #XavierBertrandLeProuteur se hisse au sommet des tendances de la plateforme Twitter.

Cette vilaine moquerie (non fondée), venue des tréfonds d’Internet, aura eu le mérite de mettre un fait en évidence : il ne fait pas bon renifler le passif du candidat, qui incarne tout ce que les Français ne supportent plus.

Un petit air de cabriole politique

Xavier Bertrand se veut aujourd’hui le champion de la droite. Et le sondage organisé par Les Républicains va le conforter dans ce sens : il a été plébiscité dans la plupart des questions posées aux sympathisants LR. 71% des personnes l’ont mentionné, en première place ou non, comme un choix crédible pour atteindre le second tour, ce qui le place loin devant Valérie Pécresse (58%) et Michel Barnier (37%). Pour gagner ce bras de fer, l’homme a depuis quelque temps droitisé son discours, et adopté un programme très porté sur la sécurité, l’ordre et la lutte contre l’immigration. Il a même parlé de « vrai risque de guerre civile » !

Un virage qui fait sourire quand on connait son passif : en 2017, suite à l’élection de Laurent Wauquiez, il avait décidé de quitter « définitivement » le parti en dénonçant une « dérive » droitière : « Le front républicain contre l’extrême droite paraît si loin! Je ne reconnais plus ma famille politique alors j’ai décidé de la quitter. » Faut croire qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.

Il y a quelques mois, l’homme disait même préférer « les communistes aux identitaires » – position stupéfiante quand on sait que le communisme, d’après son Livre noir, aurait fait entre 65 à 85 millions de victimes.

Qu’importe, Bertrand n’en n’est pas à sa première courbette envers la gauche radicale.

En 2009 déjà, il signait un mémorandum avec le Parti communiste chinois sur « les échanges et la coopération », au grand dam de l’UMP : beaucoup ont alors dénoncé cet accord avec l’un des derniers partis totalitaires au monde. Fustiger « l’intolérance » du Rassemblement national pour échanger avec ce grand parti des droits de l’homme est assez déconcertant, quand on connait la tolérance chinoise envers ses minorités. Mais Bertrand aime les communistes, au point encore de s’afficher en 2017 dans les tracts du PCF pour organiser un barrage républicain contre Marine Le Pen. Car les communistes sont plus républicains que le RN, c’est bien connu.

Le doux fumet de la compromission

La question sécuritaire est aujourd’hui la préoccupation principale de beaucoup de Français. Xavier Bertrand s’en est rendu compte et a durci son discours : il faut « interdire le salafisme en France » et dissoudre immédiatement « toutes les organisations islamistes qui propagent une idéologie politique incompatible avec les valeurs que nous portons ».

Pourtant, ces propos sortent de la bouche de celui qui, en 2015 après les attentats de Charlie Hebdo, avait bêtement versé dans le « pas d’amalgame ». Il s’était rué dans le lycée islamique Averroès de Lille, dans lequel il avait vu « la façon dont ils ont dit que ce à quoi ils croyaient ne pouvait en rien permettre de donner la mort ».

Soufiane Zitouni, ancien professeur de philosophie dans cet établissement, ne semble pas du même avis. Son témoignage, publié dans Libération dès février 2015, est significatif : « Les responsables de ce lycée jouent un double jeu avec notre République laïque : d’un côté montrer patte blanche dans les médias pour bénéficier d’une bonne image dans l’opinion publique […] et d’un autre côté, diffuser de manière sournoise et pernicieuse une conception de l’islam qui n’est autre que l’islamisme ». Il explique qu’en vingt ans de métier dans le milieu scolaire, il n’a « jamais entendu autant de propos antisémites de la bouche d’élèves dans un lycée », certains déclarant même que « la race juive est une race maudite, […] beaucoup de savants de l’islam le disent ! » Pourtant, quand Marine le Pen demande en 2017 la suspension des subventions de l’État pour ce lycée, Bertrand s’indigne de la « démagogie et les assimilations particulièrement dangereuses » de l’élue, en déclamant que « l’Éducation nationale a confirmé que l’établissement respectait son contrat ».

Deux ans plus tard, en 2019, il se battait fermement contre les subventions allouées au lycée Averroès, et expliquait peu après qu’« [Emmanuel Macron] n’a absolument pas pris la mesure de la menace que fait peser l’islamisme radical sur notre sécurité et nos valeurs ». Un éclair de lucidité l’aurait-il frappé entre temps ?

Cette histoire n’est pourtant qu’une parmi d’autres dans les Hauts-de-France. Le Conseil régional des Hauts-de-France a financé l’islamique Radio Pastel, et a versé des subventions à l’association Ambitions et Initiatives pour la réussite (AAIR), dont les cours d’arabe sont empreints d’un fort caractère religieux. Sur ces deux dossiers, il a depuis fait volte-face. La chaîne régionale WEO a accueilli l’imam salafiste Abdelmonaim Boussenna, proche des Frères musulmans et de Tariq Ramadan.

La région finance aussi une application de « certification halal ». Tout un programme.

Des effluves d’hypocrisie

Le patron du conseil régional nordiste ne cesse de se revendiquer d’une « droite sociale proche du peuple ». Il se pose en candidat des « oubliés », joue de son passé d’assureur contre les énarques, du petit bonhomme de province contre les vilains Parisiens. À l’écouter, il n’y aurait pas plus simple et intègre que lui – une partition qui n’est pas sans rappeler celle jouée par Fillon.

Il faut pourtant se rappeler de l’affaire Médiator, dans laquelle Xavier Bertrand a trempé. En 2006, le médicament éponyme est remis en question par de nombreuses organisations médicales, parmi lesquelles la Haute autorité de santé, qui estime certaines de ses molécules dangereuses. Alors ministre de la Santé et des Solidarités, Xavier Bertrand décide de maintenir le médicament contre l’avis de la HAS. Résultat : on estime que le Médiator fait aux alentours de 500 victimes. Bertrand est alors accusé de complaisance envers les laboratoires Servier, producteurs du Médiator et de fait, Le Canard enchaîné révèle que deux de ses conseillers recevaient des financements de la part du groupe pharmaceutique.

Par ailleurs, en 2011, il avait beau jeu de dénoncer les « rémunérations extravagantes qui doivent être taxées d‘une manière ou d’une autre », dans une logique de « justice et d’équité ». Ironie du sort, ce fervent défenseur de la cause sociale devenu président de région a augmenté en 2016 son salaire mensuel de 4 000 euros par mois, pour compenser la fin du cumul de ses mandats de maire et de député. Un salaire équivalent pour moins de tâches : tous les Français en rêvent, Xavier Bertrand l’a fait.

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