LETTRE AU CINÉMA FRANÇAIS

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Réuni ce vendredi pour la 46e cérémonie des César, le cinéma français s’est couvert de honte et de ridicule, faisant montre d’une ingratitude envers le public difficilement égalable. Lu dans l’Incorrect

« Tu nous fais honte. Ce n’est pas la première fois, mais vendredi lors du grand raout annuel de « ta grande famille » comme tu aimes le claironner, ton spectacle était d’une dégueulasserie ignoble. Comme toute la société, tu souffres de la crise sanitaire. Pas plus que les autres, peut-être même un peu moins, mais les autres tu t’en fous alors qu’ils sont tes principaux argentiers, souvent malgré eux. Tu l’as oublié, ou peut-être même ne l’as-tu jamais su, « ces gens-là », ceux que tu montres du doigt avec mépris, ceux à qui tu t’arroges le droit de montrer ton cul, constituent la raison même de ton art. Sans eux, tu n’es rien, même pas un nom au-dessus d’un code-barre. Tu cries partout que les salles doivent rouvrir mais les spectateurs ont juste pour toi le visage d’un ticket de caisse à la séance de 9h à Châtelet-les Halles. Une avance sur recette.« 

« Le spectateur, tu t’en fous« .

« Tu ne parles que de toi. De tes récompenses que tu n’as jamais eues, de ta peau trop noire pour être représentée ou trop ridée pour être filmée, de ton sexe soi-disant dominé oubliant au passage que le proxo n’a pas de statut parce que vendre son corps au nom du prolétariat est tout aussi misérable que de faire la pute auprès du grand patronat. Tu hurles ta souffrance de ne pas pouvoir travailler alors que c’est de ne plus voir ta gueule sur les écrans qui t’insupporte. Tes tournages continuent alors que les bistros comme les musées continuent d’être fermés. Tu convoques les maux des autres pour épaissir les tiens, de préférence ceux qui sont loin pour ne pas avoir à les enjamber quand tu iras essayer des fringues de grands couturiers. Tu rends hommage aux disparus ignorant même ce pourquoi tu dois les célébrer. » « Tu causes « rêve » et « émotion » oubliant qu’avant de les recevoir il faut les offrir, mais toi, tu n’as rien à donner. Rien. Tu veux être et avoir été. Enfant gâté d’un art que tu méprises tu oublies que si tu existes c’est grâce à tes aînés, ceux pour qui on se déplaçait, ceux à qui on voulait ressembler et celles qu’on rêvait d’épouser. Ceux qui jamais ne se seraient permis de parler lutte des classes en Chanel sur la chaîne de Bolloré. Mais tu t’en tamponnes. Tu baves ce que tu crois penser sans avoir le moindre échantillon, tu t’imagines Debord mais tu n’es qu’un clown même pas triste. Tu parles de « grande famille » mais tu n’hésites pas à la trucider en salopant de ta crasse toute une profession, scénaristes, cadreurs, patrons de salles, attachés de presse et producteurs. »

« Tu dégueulasses nos rêves et nos espoirs. Qu’importe les premiers films qui ne verront peut-être jamais le jour où les grosses productions qui résistent encore aux plateformes, tu as beau évoquer les « salles » comme un mantra, tu tapineras pour pas cher pour aller chez Netflix si c’est pour voir ton blaze sur Allociné. Tu t’imaginais révolutionner, tu as tout liquidé, même nos souvenirs. Tu n’as plus que La France Insoumise et quelques vieilles groupies du milieu, la rétine flinguée par les merdes célébrées, pour te féliciter. Tu ne savais pas qu’avant la France rayonnait, par son audace et sa beauté. C’est ta laideur aujourd’hui qui fait le tour des télés.« 

  • Arthur de Watrigant

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