ENQUÊTE : QUAND LE « MACRON DE SARKOZY » SUSPEND LES FINANCEMENTS DE ZEMMOUR

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Nous avions interviewé Charles Gave lors de sa venue à Bordeaux en Octobre 2019 : https://www.facebook.com/watch/?v=2975923089090593

Cette enquête de L’Incorrect démontre s’il en était besoin les difficultés de financement des partis politiques s’ils ne sont pas dans le camp du bien. Le FN puis le RN en font la dure expérience depuis des années.

Cela démontre, en creux, que le « système » va tout faire pour mettre des bâtons dans les roues de celui qui est en passe de devenir l’empêcheur de tourner en rond de la vie politique.

Client du Crédit du Nord, Charles Gave a vu son compte bancaire suspendu après un virement pour l’association des amis d’Éric Zemmour. À la tête de la banque se trouve le brillant énarque Sébastien Proto, surnommé le « Macron de Sarkozy ». Et pour cause, l’homme a croisé la route du premier et a longuement travaillé pour le second. Enquête.

Vendredi 1er octobre, la fille de Charles Gave annonçait sur Twitter la fermeture du compte de l’homme d’affaires par sa banque – le groupe Crédit du Nord, filiale à 100% de la Société générale – sans un mot d’explication, quelques jours à peine après un virement de son père à l’association des amis d’Éric Zemmour.

Techniquement parlant, une banque a le droit de fermer n’importe quel compte de ses clients, même actif, sans avoir à en rendre compte. Nous avons interrogé le Crédit du Nord. La banque a refusé de dire combien d’autres clients ont vu leur compte fermé pour les raisons utilisées dans le cas de Charles Gave. Toutefois, on nous a assuré que les « décisions de clôture de compte respectent le cadre réglementaire et légal », et qu’elles « ne sont jamais prises sur la base de considérations d’ordre politique ». Dont acte.

Or, les banques refusent des clients ou ferment leur compte en raison des règles de conformité. Depuis la crise des subprimes, les établissements bancaires sont corsetés par un nombre de règles délirant. Pour éviter toute sanction du régulateur, les risques sont pourchassés jusqu’à l’obsession. Or, les clients comme Éric Zemmour appartiennent à la catégorie des personnes politiquement exposées (PPE).

Il s’agit des gens qui sont, ont été ou aspirent à être chargés d’une fonction publique importante. Cette fonction peut être politique, économique ou syndicale. Ils sont considérés comme à plus haut risque car réputés avoir plus de possibilités que les citoyens ordinaires d’acquérir des actifs par des moyens illégaux comme le détournement de fonds et la corruption. Ils sont donc plus susceptibles de blanchir l’argent. Après avoir déterminé qu’un client est une PPE, les banques sont tenues d’appliquer des mesures supplémentaires de contrôle. Ces exigences sont censées être de nature préventive. Comme toutes les banques, le Crédit du Nord flique les virements de ses clients.

Le mot « Éric Zemmour » a allumé des lumières à plusieurs étages.

Et quelqu’un a jugé que le virement présentait un tel risque que le compte de Charles Gave devait être fermé. Il y a des gens au Crédit du Nord qui ont pensé que la banque risquait une sanction du régulateur français s’il laissait des clients donner ou prêter des fonds à l’association de campagne d’Éric Zemmour.

Ce régulateur est l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), en charge de l’agrément et de la surveillance des établissements bancaires. Elle agit « dans l’intérêt de leurs clients et de la préservation de la stabilité du système financier ». C’est beau ! Son collège de supervision est présidé par le patron de la Banque de France, ancien directeur de cabinet de Dominique Strauss-Kahn à Bercy. Il est entouré de professionnels et de gens nommés par le président du Sénat, de l’Assemblée nationale, du Conseil d’État, de la Cour des Comptes, de la Cour de Cassation, etc. Pas vraiment des Zemmouriens. Nous avons interrogé Dominique Laboureix, directeur général de l’ACPR, nommé fin 2019 par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. Il n’a pas donné suite à nos questions.

C’est ennuyeux car, si le Crédit du Nord pensait qu’il risquait des ennuis de l’Autorité, il fallait que le régulateur bancaire expliquât pourquoi la clientèle d’un retraité honorablement connu dans le monde de la finance constituait un risque de sanction. À défaut, l’Autorité doit détromper la banque et s’assurer qu’aucune autre injustice n’est plus à craindre dans le domaine hautement sensible du financement des campagnes présidentielles.

À l’inverse et si aucune sanction n’était à redouter, c’est le Crédit du Nord qui est entré en politique dans cette affaire. Or le patron du Crédit du Nord, qui est en train de le fusionner au reste de la Société générale, se nomme Sébastien Proto et ce n’est pas n’importe qui. Ce brillant énarque a été surnommé le « Macron de Sarkozy ».

Comme le chef de l’État, il a bifurqué vers le privé après quelques années à l’Inspection générale des finances, son corps d’origine, où il a croisé Emmanuel Macron. Sorti deuxième de la promotion Senghor de l’ENA en 2004 – devant le président, arrivé cinquième –, il avait rejoint la campagne de Nicolas Sarkozy trois ans plus tard, pour se consacrer à l’élaboration du programme économique du candidat, comme Macron l’a fait pour François Hollande. Par la suite, il a successivement dirigé les cabinets des ministres André Santini, Éric Woerth et Valérie Pécresse, avant d’intégrer la prestigieuse banque Rothschild en 2010 (en tant que gérant, puis associé-gérant, de 2013 à 2018), où il a retrouvé Macron qui y a aussi travaillé entre 2008 et 2012.

Après avoir rejoint le monde des affaires, Sébastien Proto est néanmoins resté fidèle à l’ex-président Nicolas Sarkozy, dont il était le conseiller officieux pendant la primaire de 2016. Après la défaite, il aurait définitivement rompu avec la politique pour se consacrer à ses fonctions à la Société générale. Ou pas ?

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