Qui se souvient de Lépante ?

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NDLR : Nous avons parlé le 7 Octobre, jour de l’anniversaire, de cet évenement majeur de l’Histoire. Nous avons jugé nécessaire de donner quelques détails à nos lecteurs.

Il y a 451 ans, le dimanche 7 octobre 1571, eut lieu dans le golfe de Corinthe sur la côte ouest de la Grèce, la bataille de Lépante qui vit s’affronter la flotte turque et celle de la Sainte Ligue.

L’époque enregistre une montée de l’expansionnisme musulman porté par l’empire ottoman. Les villes des côtes méditerranéennes sont sous la menace constante de razzias qui, outre le butin, procurent des esclaves. Si en 1565 les Turcs se sont cassé les dents sur l’ile de Malte, défendue par l’ordre de Saint Jean de Jérusalem, en septembre 1570 ils s s’emparent de l’ile de Chypre et liquident 20 000 Chypriotes. Le pape Pie V estime alors qu’il est temps de passer à l’offensive. Le 25  mai 1571, il proclame la croisade. Il parvient à susciter la Sainte Ligue, une alliance entre l’Espagne, Venise, les Etats pontificaux, la République de Gènes, le duché de Savoie, l’ordre de Saint Jean de Jérusalem. Comme amiral de la flotte ainsi constituée, il désigne don Juan d’Autriche, demi-frère de Philippe II roi d’Espagne et qui n’a pas 30 ans. En même temps, il exhorte les catholiques à entrer en  en prières, spécialement le Rosaire, cette succession de trois chapelets dédiée à Marie. Lui-même prêche d’exemple. La mobilisation est intense.

Partie de Barcelone, la flotte des chrétiens va faire voile vers le golfe de Corinthe sur la côte ouest de la Grèce où les Turcs ont massé leur propre flotte. Arrivée en vue, don Juan passant outre les appels à la prudence du Génois Andrea Doria, décide d’attaquer. Il se trouve d’ailleurs que le vent a fort opportunément changé et souffle désormais en faveur des chrétiens…

Au matin du dimanche 7 octobre, après la messe célébrée sur tous les vaisseaux de la Sainte Ligue, la bataille s’engage.

La Sainte Ligue aligne 212 navires, 28 500 soldats, des marins et 1815 canons et la flotte turque 251 navires, 34 000 soldats,13 000 marins, 750 canons. A 19 heures la victoire des chrétiens est acquise. Les Turcs ont perdu 20 000 hommes et 187 navires. Effet collatéral, la libération de 12 000 esclaves chrétiens attachés aux bancs de nage des galères turques.Le retentissement de cette victoire fut immense en Europe. Elle apparut comme un coup d’arrêt porté à l’expansionnisme ottoman.

Le Ier mai 1572 Pie V mourut puis un grand désaccord entre les amiraux de la flotte chrétienne empêcha d’affronter la flotte turque reconstituée. En 1573 la Sainte Ligue ne put se rassembler et en 1574 la république de Venise traita pour son compte avec les Ottomans sur la question de Chypre. Certes la bataille de Lépante a irréversiblement marqué l’expansionnisme ottoman mais concrètement il reste une quasi puissance européenne pour longtemps encore.

Son empire englobait la Grèce, touchait à Venise par la rive nord de l’Adriatique. A l’est, par les Balkans, l’Ukraine, la Roumanie, la Bessarabie, il  est aux marches de la Russie.A l’ouest, où il occupait la Hongrie depuis154l, il était aux marches de l’empire des Habsbourg (il assiégera Vienne à trois reprises dont la dernière en 1683) et de la Pologne.

Sur le coup, la bataille de Lépante fut célébrée notamment par de nombreux tableaux. Et puis la mémoire s’effilocha.Il y a bien à Rome Une Fondation Lépante qui en 2021 en célébra le 450ème anniversaire. Il y a aussi une rue à Nice, des ex-votos à Saint-Etienne de Tinée -possessions du duché de Savoie à l’époque il est vrai- et une mosaïque à la basilique de Fourvière (de1896 !).

L’étendard pris aux Turcs qui avait été déposé à la basilique Sainte Marie Majeure à Rome leur a été rendu par Paul VI le 29 janvier 1966 pour « établir des relations apaisées ».

Pie V quant à lui jugea convenable d’instituer en mémoire de Lépante la fête de Notre-Dame de la Victoire le 7 octobre. Elle sera étendue à tout le rite romain en 1716, célébrée en dernier ressort après des variations le Ier dimanche d’octobre sous le titre de Notre Dame du Rosaire. Du moins dans les missels d’avant Vatican II.

A l’évidence cette victoire de Lépante suscite nombre de réflexions possiblement utiles pour le temps présent.

Le devoir de mémoire tant rebattu ne serait-il pas ici particulièrement judicieux ?                                                                                 

  1. Buisse

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