Urgence climatique ou l’hystérie comme défaite de la raison.

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Tribune Libre de Pierre Labrousse

Cet été les ministres ont été formé – formaté ? aux éléments de langage de l’urgence climatique. Radio France[1] vient de faire une annonce hallucinante : désormais, tous ses journalistes devront se tenir « résolument du côté de la science, en sortant du champ du débat la crise climatique, son existence comme son origine humaine ». Protéger la science, dorénavant c’est interdire le débat et le doute. Galilée se retourne dans sa tombe. Deux mille ans nous hurlent le contraire : la science EST débat !

« Le doute est le sel de l’esprit ; sans la pointe du doute, toutes les connaissances sont bientôt pourrie » Alain[2]

Aujourd’hui on supprime le débat. Et demain le suffrage ? Cet interdit n’est pas un coup de gueule, c’est un coup de matraque, la censure planquée sous les nattes de Greta Thunberg ânonnant son mantra « LA science a parlé ». LA science ? Jamais vue : ça n’existe pas. Ce qui existe ce sont des scientifiques, des théories, des controverses. Consensus ? Sur quoi ? Il y a trois faits que personne ne conteste : l’extraction humaine des énergies carbonées, l’effet de serre, l’élévation des températures depuis 150 ans. Le doute ne porte pas sur ces choses mais seulement sur la causalité qui fait de la troisième la conséquence mécanique des deux premières. Or oui, n’en déplaise à nos écolo-fascistes, cette causalité humaine fait débat. Si les électeurs étaient convaincus, Jadot serait à 50 % et non à 5. Selon un rapport de l’OCDE[3], seuls 57 % des français attribuent croient en la responsabilité humaine. Surtout, la contestation est portée par de remarquables universitaires : Vincent Courtillot, diplômé des Mines et de Stanford, professeur à Paris-Diderot ; Benoît Ritteaud[4]  à Paris XIII ; François Gervais. Plusieurs pétitions ont contesté le GIEC : la « pétition de l’Oregon » rassemblait 30 000 universitaires. Consensus ?

            Arguments des sceptiques. Depuis trente ans, les projections de températures modélisées par le GIEC sont contredites par les faits : les températures augmentent moins que prévu : Jean Jouzel avouait un inexplicable « plateau du réchauffement ». Autre argument : le narratif onusien parle de « changement climatique ». Absurde : le climat a toujours changé sous l’effet de cycles naturels (Milankovitch). La terre a été beaucoup plus chaude, les mers des mètres plus hauts et le taux de CO2 beaucoup plus élevé. Actuellement, l’archéologie glacière découvre des vestiges d’activité humaine là où les glaciers reculent.

L’historien Leroy Ladurie a reconstitué le climat médiéval très doux et qu’on appelle « Optimum climatique ». Les pourtours du Groenland étaient verts, d’où son nom.

Courtillot, analysant les « carottes de Vostok », réfute Al Gore, celui qui annonçait la fonte complète de l’arctique pour l’été 2014.

Même le site de l’ENS-Lyon explique que l’effet de serre absorbe 98 % du rayonnement infrarouge et qu’il ne pourrait augmenter de plus de 2°supplémentaires.

Le premier profit que l’on retire de la littérature « climato-sceptique », c’est d’entrer dans la complexité du réel, ce qui est le principe même de la philosophie et de la science.

Alors que prouve un « consensus » ? Rien sinon que le conformisme existe aussi dans la communauté scientifique – surtout lorsque les financements sont conditionnés par l’adhésion à un dogme. Il y eut de puissants consensus sur le géocentrisme, la génération spontanée, le phlogistique. Tous étaient faux : c’est Copernic qui avait raison. En revanche lorsqu’une évidence scientifique se fait jour, pas besoin de consensus pour la faire admettre. Ce n’est pas un consensus qui prouve la loi de la gravitation ni la rotondité de la Terre : c’est la raison et l’observation.

En réalité, le non débat n’est pas le fait des scientifiques mais des politiques.

Il faut avouer que, pour justifier de douloureux sacrifices, mieux vaut s’appuyer sur des certitudes. Point commun à l’urgence climatique et à la politique sanitaire. Entre la science qui discute et le politique qui exige, notre époque a inventé un intermédiaire, un alchimiste qui sublimise le plomb du doute dans l’or de la croyance : c’est l’expert des plateaux. Ses indignations ont valeur d’argument.

Comment nous, français, voltairiens et râleurs pouvons-nous accepter une telle censure ? J’y vois trois  raisons presque métaphysiques.

Premièrement la peur et le remords nous tiennent lieu de sagesse peut-être parce que notre hyper puissance nous incline à penser que c’est « trop », que ça va forcément mal finir, que la nature nous fera payer nos excès[5]. C’est à cause de nous et c’est pour ça que c’est grave. Un inconscient religieux collectif attribue à Gaïa une sorte de pouvoir justicier. L’hystérie de la religion écologiste se nourrit ainsi d’un sentiment de culpabilité. Les mécréants sont « climatocides » voire « négationnistes » Reductio ad Hitlerum.

Deuxièmement, le progrès technique multiplie les aides mécaniques qui viennent faciliter notre quotidien. Nos aïeux, pour se déplacer, devaient savoir monter à cheval et s’en occuper, nos parents tenir une carte, remplacer une roue. Aujourd’hui, plus d’équitation et nos voitures multiplient les aides. Le GPS prépare nos trajets. Bientôt nos frigos « connectés » nous diront quelles courses faire et finiront par passer commande directement. Résultat : nous devenons monotâches, inaptes à tout ce qui sort de notre spécialité. Pourtant le dernier smart phone ne nous rend pas plus intelligents. Jamais l’homme ne fut collectivement aussi puissant. Jamais nous ne fumes individuellement aussi dépendants, malhabiles, inaptes à presque tout. Cet été les autoroutes affichaient ce message «  Canicule : pensez à vous hydrater ». Depuis quand des adultes ont-ils besoin qu’on leur dise de boire lorsqu’ils ont soif ? Et cette niaiserie faussement gentille du « prenez soin de vous » quelle injonction cache-t-elle ?

L’homme moderne se voit défaillant, contrôlé par une société qui se prétend infaillible.

Troisièmement, avec Copernic, Galilée, Descartes, nous avons pris l’habitude d’admettre que la vérité scientifique invalide les évidences du bon sens. Il faut contredire l’expérience et l’opinion commune pour comprendre que la Terre n’est pas au centre de l’univers, que l’incroyable ingéniosité du vivant pourrait être un produit du hasard, que le temps n’est pas un absolu. Depuis un siècle et le développement des « sciences humaines » qui appliquent à l’être humain la méthodologie des sciences de la nature, cette disqualification du « bon sens » bouleverse aussi le regard qu’on porte sur soi-même. Rien ne subsiste de ce qui nous semblait évident – même sur la différence des sexes !

Je me souviens de cette journée pédagogique où un « expert » en neuroscience venait nous expliquer la diversité des cerveaux humains et la nécessité d’adapter notre pédagogie à ce fait désormais établi par image cérébrale. En réalité, il ne nous apprenait rien : cela fait des siècles qu’on sait que certains sont plutôt artistes et d’autres plutôt sportifs ou matheux. Pas besoin qu’une imagerie cérébrale confirme cette évidence. Sauf si le bon sens est anéanti. C’est ainsi que, paradoxalement, la post-modernité détruit le jugement au nom de la science.

Cette crétinisation post-moderne nous rend perméables aux dogmatismes étatiques qui échapperont alors à tout esprit critique. Non parce que nous sommes devenus plus intelligents mais, au contraire, parce que nous ne nous fions plus à notre jugement. Voici deux raisonnements qui pourraient pourtant conduire chacun à douter de la bonne parole.

2020 : les confinements mondiaux ont réalisé les rêves les plus fous du Greta. Les usines s’arrêtent ; la demande et le cours de toutes les matières premières s’effondrent et donc aussi nos émissions de CO2. Si le GIEC avait raison, n’aurions-nous pas dû assister à une baisse du taux de CO2 ? Il n’en fut rien. Au contraire 2021 bat tous les records[6] . Responsabilité humaine incontestable ?

Printemps dernier, la couverture vaccinale atteint un maximum jamais obtenu auparavant. Au même moment, partout en Occident, la vague Omicron multiplie les contaminations à un niveau inédit, lui aussi. Ce qui obligeait Véran à avouer que le vaccin n’empêchait pas d’attraper – ni donc de transmettre ! le Covid mais protégeait seulement des « formes graves ». Ce pourquoi les gestes barrières  furent maintenus pour n’être abandonnés… qu’au moment des présidentielles. Par quelle aberration Véran pouvait-il alors soutenir qu’on se fait vacciner pour ne pas tuer sa grand-mère ?

Que faire ?

Contre l’infantilisation crétinisante, le seul remède sera de faire l’exact contraire de ce que Radio-France entend nous imposer. Refuser l’obscurantisme dogmatique. Reprendre l’héritage des Lumières, de la raison critique. Examinons ! Doutons de tout et surtout de ce dont ils veulent nous empêcher de douter.

Pierre Labrousse


[1]https://www.radiofrance.com/presse/radio-france-engage-un-tournant-environnemental

[2]Propos sur les pouvoirs, § 140. Et Karl Popper disait qu’une théorie n’est scientifique que si elle est réfutable.

[3]https://www.radiofrance.fr/franceinter/une-etude-de-l-ocde-affirme-t-elle-vraiment-que-43-des-francais-sont-climatosceptiques-4177140

[4]On les trouve sur le site des «climato-réalistes ».

[5]En 1968, Paul Ehrlich écrivait : « Le combat pour nourrir l’humanité est presque perdu. Nous ne serons pas capables d’éviter une famine dans les dix prochaines années. » En 1980 il ne restait plus que 55 ans de réserves de pétrole. Pourtant en 2014, les réserves connues nous donnaient encore… 125 ans de réserves. En 2005 le directeur de l’Institut de l’environnement et de la sécurité humaine à l’ONU annonçait à Bonn qu’en 2010 il y aurait « 50 millions de réfugiés climatiques ».

[6]« En 2021, la concentration de CO2 dans l’atmosphère a atteint en moyenne 414,7 parties par million (ppm), soit 2,3 ppm de plus qu’en 2020, selon l’étude ». Ref :  https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/08/31/climat-concentrations-record-de-gaz-a-effet-de-serre-dans-l-atmosphere-en-2021-selon-une-etude_6139715_3244.html

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