Alors que l’immense Jean Raspail nous a quittés, le journal (L’im)Monde publie en titre, avec la malhonnêteté qu’on lui connaît, “La famille nationaliste pleure la mort de Jean Raspail, prophète du « grand remplacement » ! Comme si l’œuvre de ce conteur hors-pair se limitait à quelques thèmes “nauséabonds” destinés à séduire une “esstrème drouate” qu’on fantasme rancie dans le racisme et la haine de l’autre…
Le procédé est d’autant plus malhonnête que peu d’écrivains français se sont autant passionnés pour l’autre que Jean Raspail. Voyageur impénitent, ethnologue, explorateur, il a consacré la plus grande partie de sa vie, de sa science et de son œuvre à la rencontre avec les civilisations et les races perdues ou en voie d’extinction.
Certains de ses ouvrages les plus marquants, mais sans doute inconnus de l’auteur inculte du Monde, comme Bleu Caraïbes et Citrons Verts, Secouons le Cocotier, Pêcheur de Lune ou Qui se souvient des Hommes? sont entièrement dédiés aux Indiens Caraïbes, aux Antilles, aux Alakalufs, aux Indiens d’Amérique du Nord et du Canada et à bien d’autres…
Peu d’écrivains auront autant que Jean Raspail aimé l’homme, de quelque couleur ou civilisation qu’il soit !
Mais, et c’est bien là que le bât blesse pour les “bien-pensants” auto-proclamés de “l’axe du bien”, il savait que les civilisations et les cultures sont par essence concurrentes et que leur mélange aboutit forcément à la destruction des plus faibles ou des moins combatives.
Une image qui l’a profondément marqué est récurrente dans l’œuvre de Jean Raspail, c’est celle d’une pirogue transportant quelques alakalufs quasi nus, approchant un navire Chilien pour y recevoir l’aumône de quelques denrées alimentaires avant de replonger vers la nuit australe et glacée. La survie d’une civilisation qui ne peut plus combattre est dans la fuite et le repli sur soi.
Et c’est bien à ça que Jean Raspail a voulu nous faire réfléchir dans d’autres romans comme Septentrion, Sept cavaliers quittèrent la ville au crépuscule par la porte de l’Ouest qui n’était plus gardée l’exil est le corollaire de la défaite… Vae Victis !
En nous “prévenant” dans son roman Le Camp des Saints Jean Raspail ne prêche aucune haine de l’autre, il se montre même finalement assez compréhensif et indulgent pour les mécanismes qui poussent le Sud à envahir le Nord. Seulement il nous met en garde contre notre mollesse et notre prétendu amour du genre humain qui n’est que mépris de soi-même et lâcheté. Celui qui n’est pas capable de défendre son Empire est juste appelé à en être chassé un jour par les plus combatifs, les plus affamés ou les plus nombreux.
Malgré son catholicisme revendiqué Jean Raspail est aussi très proche des idées paganistes qui nous renvoient à “l’ordre naturel” et aux préceptes de David Lane. Il est dans la nature du lion de dévorer la gazelle et dans celle de la gazelle de tenter de s’enfuir pour sauver sa vie. Finalement c’est à chacun de nous de choisir s’il préfère le destin du lion ou celui de la gazelle et d’être prêt à en payer le prix.
Mais malgré la défaite annoncée Jean Raspail garde espoir. Dans Sire, L’Anneau du Pêcheur, Le Jeu du Roi, Les Pikkendorf ou Moi Antoine de Tounens Roi de Patagonie il nous rappelle que les enfants, les poètes et les rêveurs portent en eux la solution car même si le Royaume est détruit, ils portent le Royaume en eux… Et ce qui vit en eux peut être reconstruit pourvu qu’ils gardent la foi malgré les sarcasmes et les moqueries des faibles, des tièdes et des imbéciles.
Soyons nous aussi des “enfants” de Jean Raspail et portons le Royaume en nous ! S’il venait à disparaître, nous le reconstruirions.
François Galvaire