Chute de la natalité inédite depuis 1975 : vers un « baby-crash » en France ?

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Beaucoup comptaient sur une explosion de la natalité dans la foulée du premier confinement et elle n’a pas eu lieu. La promiscuité et la cohabitation forcées, loin de rapprocher les cœurs et les corps, ont parfois provoqué des violences conjugales et précipité les séparations. En janvier 2021, il y a eu 53 900 naissances en France, soit une chute de 13% si l’on compare avec le mois de janvier 2020 qui comptabilisait 62 180 naissances.

C’est donc un arrêt brutal dans un pays qui avait un taux de fécondité relativement stable depuis 40 ans. En effet, la fécondité était de 1,8 enfant par femme en 2020, mais si nous remontons un peu dans le temps, on découvre qu’elle était à 2,02 dans les années 2010. Si la France a toujours été un pays inquiet pour sa démographie, on peut néanmoins constater qu’elle est le pays d’Europe où l’on fait le plus d’enfants.

Ce n’est pas la première fois que la France connaît des fluctuations dans la natalité, mais il faut remonter à 1975 pour observer une baisse aussi importante. La première grande crise économique, suite aux deux chocs pétroliers, mettait fin aux Trente glorieuses et les Français connaissaient pour la première fois depuis l’après-guerre le chômage et une inflation à 10 %. Même si cette période s’inscrivait déjà dans une baisse générale de la fécondité, due à la chute des grossesses non désirées grâce aux nouveaux moyens de contraception, depuis une décennie, l’année 1975 a marqué un arrêt particulièrement net, faisant passer le nombre de naissances de 801 218 à 745 065. Ce taux n’allait pas se limiter à cette seule année, mais se poursuivre pendant cinq ans puisqu’il a fallu attendre 1980 pour retrouver un taux de naissances comparable à 1974.

Cette crise sanitaire s’inscrivant maintenant dans la durée, il est difficile de prédire l’impact qu’elle aura sur la natalité. La baisse sera-elle passagère ? La fécondité française demeurera t-elle une exception en Europe, ou va elle converger vers celles d’autres pays européens, beaucoup plus basse, suite à cette crise ? Bien malin qui pourrait faire des prédictions aujourd’hui, même si le démographe Gilles Pison, chercheur associé  à l’Institut national d’études démographiques (INED) pense que « les pays comme la France qui ont des politiques sociales développées, ne seront vraisemblablement pas les plus touchés ». Expliquant que « traditionnellement, une crise n’empêche pas les naissances, elle les reporte à plus tard », le chercheur anticipe la possibilité d’un rattrapage à la fin de l’épidémie et donc d’une reprise de la natalité.

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