La dette publique : une addiction bien française !

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D’aucuns accusent l’Europe d’être la cause de tous nos maux. C’est ignorer les problèmes structurels bien français qui minent notre économie: le capitalisme de connivence, et donc la corruption, l’hypertrophie administrative, une doctrine économique socialiste qui fait de l’entreprise un ennemi à abattre, une fiscalité totalement anarchique et démesurée, multipliant les niches pour ménager des soupapes de décompression…

L’Europe n’a rien arrangé, mais la responsabilité de nos gouvernants est totale ! Rappelons le à ceux qui réclament le Frexit comme seule et providentielle mesure tous nos problèmes! C’est un point de passage essentiel mais qui ne résoudra rien.

La dégradation de la note de la dette publique française par Fitch soulève des questions sur la viabilité financière de l’État français, qui n’a pas su équilibrer ses comptes depuis 48 ans, cela illustre des décennies d’irresponsabilité budgétaire.

L’État français supporte ainsi la troisième dette la plus élevée en proportion du revenu national parmi les grandes économies p, plus de 3000 milliards d’euros.

La France n’a pas équilibré ses comptes une seule fois en 48 ans, un record historique et mondial

« C’est quand la marée se retire qu’on voit qui se baignait sans maillot ».

L’expression prêtée à l’investisseur Warren Buffet s’applique aussi aux États endettés en période de remontée des taux d’intérêt et d’inflation. Une illustration, un couronnement devrait-on dire, en a été donnée la semaine dernière par la dégradation, une première depuis neuf ans, de la note de la dette de l’État français, à AA-, par l’agence Fitch.

L’État français se retrouve ainsi bien moins noté que les États-Unis, l’Allemagne, le Canada, les Pays-Bas, la Suisse, ou les pays scandinaves, tous détenteurs de la prestigieuse note maximale de triple A, perdue par Paris en 2012. Il est rétrogradé en deuxième division des émetteurs de dette, au niveau de la Belgique, l’Irlande, le Royaume-Uni, la Corée du Sud ; toutefois devant l’Espagne, le Japon ou, à BBB, l’Italie.

Tous (ir)responsables !

Ce coup de semonce de l’une des trois principales agences internationales de notation, qui peut avoir un impact immédiat ou pas (les voies de la finance internationale sont impénétrables) sur le coût des emprunts de l’État français, importe peut-être moins que ses attendus, comme souvent. Ces derniers sont instructifs et décrivent des finances publiques encore très loin, bien sûr, d’une banqueroute à la grecque ou l’argentine, mais qui continuent d’aller dans le mur en klaxonnant.

Juste un rappel à ce propos, dont le grand public a peu conscience, alors qu’il est essentiel : l’État français n’a pas équilibré une seule fois son budget en quarante-neuf ans, série sans équivalent dans l’histoire de notre pays et sans doute du monde, puisqu’elle aurait conduit ailleurs les créanciers à réclamer une prime de risque conduisant rapidement au défaut de paiement. Les derniers députés à avoir voté un budget en équilibre, en 1973, auront bientôt disparu, il faudrait se dépêcher de leur demander de transmettre leur mystérieux savoir-faire, comme les ultimes locuteurs d’un dialecte de Sibérie.

Fitch justifie, certes, son évaluation par l’impasse politique et la violente contestation sociale consécutive au passage en force de la réforme des retraites (dont l’impact sur les dépenses publiques sera au demeurant « relativement modeste », 0,6 % du PIB), mais surtout par les données fondamentales et récurrentes des finances publiques françaises. L’agence cite ainsi un déficit public, attendu à 5 % du PIB cette année, « nettement au-dessus de la moyenne » des pays dans une situation semblable ; une croissance faible, de 1 % en 2023 ; et une dette publique équivalente à 112 % du PIB, nettement plus du double (49 %) de la moyenne des autres pays notés AA et supérieure à celle de n’importe quel pays occidental d’importance, sauf Japon et Italie.

L’impact du confinement

Un endettement public gonflé, au passage, de presque quinze points de PIB en quelques mois, performance sans équivalent en temps de paix, par le « quoiqu’il en coûte » des confinements liés au covid de 2020-2021, aux conséquences gravissimes en termes de droits, libertés & prospérités et dont la pertinence prophylactique ne sautait pourtant pas aux yeux.

Pour mesurer combien l’État français vit congénitalement au-dessus de ses moyens, pourtant considérables puisque les impôts et taxes sont équivalents à 47 % du revenu national, niveau le plus élevé de la planète juste derrière le Danemark, rappelons qu’un tiers de ses dépenses sont actuellement financées par l’emprunt.

Du coup, le premier poste de dépense de l’État, loin devant l’éducation ou la santé, est celui du « roll over » de la dette, à 70 milliards d’euros par an, après pourtant des années de taux d’intérêt quasi nuls. Or, cette période de crédit gratuit est révolue et on calcule que la remontée de 1 % des taux d’intérêts renchérit mécaniquement le service de la dette publique de l’équivalent du budget de la formation professionnelle…

Juguler la dérive des dépenses publiques est d’autant plus difficile qu’un tiers d’entre elles, dont nombre d’obligations du Trésor, sont indexées sur l’inflation, constate Fitch.

Bref, Emmanuel Macron a une lourde part de responsabilité au vu de sa gestion des dossiers retraite et covid. Mais en raison de la dette accumulée depuis, grosso modo, les années 1980, elle incombe aussi à TOUS les gouvernements (et leurs électeurs), qui pratiquent dépenses clientélistes censées acheter la paix sociale, avec le succès que l’on peut constater à chaque cortège ou émeute, et relances keynésiennes, qui font pschitt régulièrement. En clair, nous « payons » aujourd’hui d’avoir été biberonné à l’étatisme et la doctrine des hauts fonctionnaires et ministres du « toujours plus », notamment en matière de dépenses sociales (un dixième du total mondial).

Tout ça pour ça ?

Au vu de cette note, ainsi que de celles, guère plus brillantes, des agences Moody’s et Standard & Poor’s, le jeu de cette dette en valait-il la chandelle ?

Les thuriféraires de l’endettement public indéfini et indolore prétendent qu’il a permis d’investir massivement et donc préparer l’avenir. Vraiment ? L’investissement représente seulement 1,5 % des dépenses publiques.

Le duo dépense publique/dette permettrait aussi de payer les salaires du trio de professions iconiques du service public, « profs, flics et médecins ». Vraiment ? Le salaire cumulé de ces trois métiers représente seulement 6 % des dépenses publiques.

Fitch pondère sa note par le constat que la France conserve des atouts, c’est la moindre des choses : une économie diversifiée et riche (quoique le PIB par habitant ne figure plus qu’au 23e rang mondial), des infrastructures de qualité (euh, Fitch et moi ne devons pas fréquenter les mêmes nids de poule), des banques solides et des institutions efficaces, allusion sans doute moins aux capacités de maintien de l’ordre public qu’à l’inventivité de l’administration fiscale pour pratiquer, comme disait Colbert, « l’art de collecter le maximum de plumes de l’oie avec le minimum de cris ». Voire, car l’oie a de moins en moins de plumes, ou commence à aller voir à l’étranger quand elle le peut…

Comme ses prédécesseurs après chaque dégradation par l’une des trois grandes agences internationales, l’exécutif a jugé trop pessimiste les hypothèses des évaluateurs et s’est engagé, pour calmer les inquiétudes, à « poursuivre les réformes ». Poursuivre ? Hormis le report apparent de deux ans de l’âge de départ en retraite, on peine à en distinguer une seule réforme notable en six ans de nature à freiner l’endettement. La pratique de l’exécutif ne diverge au demeurant pas sur ce plan de ses prédécesseurs, qui se sont refilés le mistigri et dont aucun n’a osé proposer de sortir du rouge ne serait-ce qu’à moyen terme…

D’autres pays européens ont pourtant su réduire, voire annuler leurs déficits, et même l’Italie, présentée comme plus dispendieuse, dégage aujourd’hui un excédent primaire (hors service de la dette).

Bref, l’incapacité des pouvoirs publics français à s’attaquer sérieusement au déficit, illustrée par l’avertissement de Fitch, rappelle l’histoire du type qui tombe du huitième étage en murmurant « jusqu’ici tout va bien ».

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