Voici la définition du fascisme selon Jean-Baptiste Noé (docteur en Histoire et géopolitique :
Un petit retour historique s’impose. Benito Mussolini est un homme de gauche, socialiste, instituteur et journaliste à L’Avanti, organe de presse du parti socialiste italien.
Le propre du fascisme est de placer l’État au centre de tout : tout pour l’État, tout par l’État, rien en dehors de l’État. Une idéologie authentiquement constructiviste et parfaitement socialiste.
Le nom même de fascisme est tiré des fasci siciliani, organisation politique d’extrême gauche basée en Sicile.
Le fascisme ne peut se comprendre sans son insertion dans le mouvement du Risorgimento, qui a conduit à l’unification de la péninsule italienne, c’est-à-dire la conquête du nord sur le sud.
La maison de Savoie a renversé les Bourbons de Naples et s’est emparée de toute l’Italie, au nom du peuple italien et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
En émergeant dans les années 1920, le fascisme veut poursuivre l’œuvre du Risorgimento. Il est anticlérical, farouchement opposé à Rome, partisan des nationalisations et des corporations. L’idéologie est à la fois socialiste et futuriste, comme en témoigne la création du quartier romain de l’EUR qui vise à construire une nouvelle Rome qui doit être l’image de l’homme nouveau fasciste. Un des opposants historiques au fascisme, le prêtre don Luigi Sturzo, dans un texte fameux de philosophie politique a montré comment l’État s’est construit au cours des siècles, notamment depuis la Réforme, et comment cette construction étatique a conduit au fascisme.
Sa pensée a fortement influencé un jeune étudiant libéral, Giovanni Batista Montini, qui deviendra le pape Paul VI, dont la pensée d’équilibre et de respect des personnes est très éloignée du péronisme autoritaire et sentimental de l’actuel résident du Vatican.
Le fascisme est une authentique et quasiment chimiquement pure pensée socialiste, dont les fascistes de la première heure reprochèrent assez vite à Mussolini de s’être embourgeoisé et d’avoir trahi les idéaux de sa jeunesse. Chassé de Rome en 1943, il crée l’éphémère République sociale italienne, à Salo, qui se veut un retour à la pureté originale du fascisme.
Qualifier cette idéologie de « droite » est donc la marque d’une stupidité intellectuelle sans nom.
Soit la droite est libérale, et donc elle n’est pas fasciste, soit elle est réactionnaire et elle ne l’est pas non plus, car le fascisme est résolument moderniste et futuriste. Bâtir l’homme nouveau, c’est rejeter la tradition et la réaction.
Si les chefs d’entreprise italiens ont misé sur Mussolini dans les années 1920, c’est pour conjurer un péril qu’ils estimaient plus grand encore, celui du communisme.
Ils ont préféré Mussolini à Staline. On oublie trop vite aujourd’hui le poids très pesant du Parti communiste italien et à quel point l’Italie aurait basculé en 1945 sans l’intervention directe de Pie XII.
Dans les années 1960-1970, le terrorisme d’extrême gauche fut terrible dans la péninsule, aboutissant notamment à l’enlèvement et à l’assassinat du Premier ministre Aldo Moro (1978). Entre les Brigades rouges internationales et les mafias, l’Italie est une terre de violence politique qui échappe à l’entendement français.
Mussolini contre Hitler
Particularité du régime fasciste, Mussolini ne fut jamais que le numéro 2 du pays, le chef de l’État demeurant le roi. C’est bien le Conseil national fasciste qui a renversé Mussolini en 1943, notamment pour signer la paix avec les États-Unis. Mussolini n’est pas tout puissant et dispose de pouvoirs beaucoup plus réduits qu’Hitler et Staline.
Dans les années 1930, il est l’allié objectif de la France tant son anti-hitlérisme est patent. En 1936, Mussolini s’oppose à l’Anschluss en positionnant ses troupes sur le col du Brenner et en menaçant l’Allemagne d’intervenir si jamais Berlin voulait toucher à Vienne. Face à cet usage de la force, Hitler est obligé de céder.
Ce n’est que devant la lâcheté des démocraties que Mussolini, dégouté de leur attentisme et désireux de se rallier au fort, choisira le camp de l’Allemagne, aboutissant au congrès de Munich (1938). Il n’y a pas d’alliance naturelle entre nazisme et fascisme, mais une alliance de circonstance, dont Hitler s’est vite mordu les doigts face à l’incapacité militaire des Italiens.
Rejouer la comédie des « années 1930 » et de la « bête immonde » est donc particulièrement débile, surtout quand on sait que c’est grâce à l’alliance conclue avec les communistes en août 1939 qu’Hitler a pu déclencher l’invasion de la Pologne et quand on connait l’orientation idéologique du Parti national fasciste (PNF)
Aujourd’hui ils ont simplifié la définition : Le fascisme est tout ce qui n’est pas d’extrême gauche.
Cette nouvelle définition étant plus rapide à lire, elle permet de s’imposer aux nouvelles générations avides de définitions courtes et totalement à côté de la plaque.