Régionales en Aquitaine : Jean Lassalle au secours de la ruralité …

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Le Mouvement de la Ruralité (ex Chasse Pêche Nature et Traditions) s’est allié au parti Résistons ! de Jean Lassalle, pour faire valoir une écologie loin du sectarisme vert, aux élections régionales en Nouvelle-Aquitaine. Il promeut une politique des « territoires », qui a peu à voir avec celle de Jean Castex…Par Quentin Hoster Valeurs Actuelles

Les livreurs descendent de scooter, les touristes s’ébaubissent, les commerçants et même leurs clients pressés sont au firmament, comme un soir de fête en ces temps de défaite. Mais que se passe-t-il rue Sainte-Catherine ? Le sémillant Jean Lassalle vient de débarquer, « à l’improviste », dans la plus grande artère piétonne de Bordeaux, cet après-midi d’avril. Séquence photogénique s’il en est, au grand dam de la presse, même pas conviée pour l’occasion. « J’en ai fait des tas de meetings et de déplacements avec des figures de pont, mais jamais vous ne verrez autant de gens s’arrêter pour prendre un selfie qu’avec lui », se réjouit, pas même surpris, Eddie Puyjalon. Le président du Mouvement de la Ruralité (ex Chasse Pêche Nature et Traditions) capitalise sur la notoriété de son ami député du Béarn, pour faire la publicité de sa candidature aux élections régionales en Nouvelle-Aquitaine. En queue de peloton sur la liste mais en tête de gondole sur les marchés, Jean Lassalle fait son effet. « En général, les gens nous disent ‘il n’y a que vous qui êtes honnêtes et sympathiques’ », argue la tête de liste, qui se moque bien des affaires qui tiennent en ce moment le haut de l’affiche, dans lesquelles sont embourbés ses concurrents, ici comme ailleurs.

Avec Yves d’Amécourt, ancien maire de Sauveterre-de-Guyenne (Gironde), sarthois filloniste et aussi candidat, le triumvirat laboure les terres de la plus grande région agricole et forestière d’Europe depuis déjà plusieurs semaines. La Dordogne, la Charente, la Creuse, la Haute-Vienne, un crochet par le Lot-et-Garonne avant un retour en Gironde… Le ticket Puyjalon-Lassalle-d’Amécourt part de loin (crédité de 2% d’intentions de votes dans un dernier sondage) mais prêche en terrain conquis : « On a la chance d’avoir avec nous tous les opposants à l’éolien en Nouvelle-Aquitaine, ce qui fait du monde », tempère Puyjalon, sans éluder le monde de la chasse ni les agriculteurs. Vent debout contre les « moulins à vent », inanités écologiques et esthétiques, considère-t-il, le conseiller régional promeut une politique environnementale « pragmatique », loin des standards médiatiques, dans une région déjà excédentaire en énergie décarbonée. Et tant pis si le quotidien Sud Ouest consacre deux pages entières à l’eurodéputé Vert Yannick Jadot. Peu surpris par des choix éditoriaux éculés, Yves d’Amécourt promet que la « crédibilité et la notoriété naissantes », du tout jeune Mouvement de la Ruralité (LMR) aboutiront à la présentation de candidats aux prochaines législatives.

Vaincre l’ostracisme médiatique

Pour transformer l’essai, les têtes pensantes de la liste ont déjà prévu leur prochain coup. Un « happening » très rural, devant les locaux bordelais de Cap Sciences, où le journal La Tribune organisera le 3 juin un débat entre les « principaux » candidats, où Puyjalon n’est pas convié. Du Lassalle tout craché, cette idée… Si la politique est faite d’apparences, Yves d’Amécourt prend celle du « spin doctor », plus en retrait. Homme de réseaux, l’atout stratégique de cette campagne rurale et frugale nous reçoit au milieu de ses vignes, à Sauveterre-de-Guyenne, en Gironde. Homme de réseaux et de bons mots, les affaires comme la répartie s’invitent aisément dans la conversation, coupée d’un appel d’Europe de l’Est, remerciée d’un « Spasiba ! ». Une malchance qu’à l’autre bout du fil, on ne parle pas un mot de russe… Comme un symbole pour cet adepte du « localisme » contre le « mondialisme », qui, comme d’autres, a quitté Les Républicains pour LMR. Plus authentique, plus enraciné. Presque un slogan de campagne, pour qui philosophe dans les pas de Francis Wolff, auteur de Utopies contemporaines (transhumanisme, animalisme, cosmopolitisme) et cite Le retour des corps intermédiaires, de Benjamin Labonnélie. Plus que de l’impressionnisme, un réel programme de restructuration des territoires, plaide Yves d’Amécourt : « Il faut rééquiper les villages moyens pour être le trait d’union entre les métropoles et zones rurales ». Le déploiement de la fibre optique serait un préalable, car, avec l’avènement du télétravail, les urbains qui étouffent se mettront massivement au vert, prédit-il : « Pour le prix d’un 50m² à Bordeaux, vous avez un hôtel particulier à La Réole ! ». En ce sens, Le Mouvement de la Ruralité fustige la faiblesse des investissements : 3,2 millions d’euros pour 32 communes girondines. Soit l’équivalent de trois ou quatre gros rond-point. Lequel de l’infrastructure, spécialité française si l’en est, ou du réseau véloce sera le plus utile ?

« Un trait d’union » entre les territoires

Puisque les transports représentent une prérogative majeure de la région, LMR propose d’augmenter la cadence des TER, tous les quarts d’heure, entre Bordeaux et Agen par exemple. Développer les villes moyennes que sont Périgueux, Mont-de-Marsan ou Pau pour désengorger la capitale girondine. A l’inverse de la délétère Loi Notre, qui a redéfini les contours des nouvelles régions de France, « un dimanche après-midi à l’Élysée sur un coin de table », juge Yves d’Amécourt, qui propose de consulter les néo-aquitains, via un référendum. « Un article autorise le Conseil régional à redéfinir les frontières de la collectivité. » Là encore, pas de putsch à craindre, assure-t-il, mais un rôle consultatif destiné à forcer la main de l’État, assume-t-il. Une manière de rapprocher les territoires comme les hommes, pour LMR, qui compte dans ses listes chevenementistes et membres de la « société civile », novices en politique : agriculteurs, infirmières, apiculteurs… « Une vraie course en sac d’investir 207 candidats », souffle Jean-Louis Grattepanche, le directeur de campagne, éreinté par la constitution des listes départementales, un challenge « autant militant qu’administratif ». « On a même dû refuser une cinquantaine de personnes, car nos listes étaient déjà pleines, renchérit Eddie Puyjalon. Plutôt que de rester à la maison ou d’aller voter pour Marine, beaucoup voteront pour nous », est-il persuadé. Sont donnés en tête Alain Rousset, président de la région depuis 25 ans, leader d’une coalition de gauche, la conseillère régionale RN Edwige Diaz, la secrétaire d’Etat Geneviève Darrieussecq pour LREM, et l’ancien maire LR de Bordeaux, Nicolas Florian. Reste aux petites gens à se faire une place parmi les mastodontes de la politique.

NDLR : nous avions interviewé Jean Lassalle lors d’une conference à Bordeaux : https://www.youtube.com/watch?v=pOHURbt9Vrc Personnage truculent, gargantuesque et sympathique, il incarne toutes les valeurs auxquelles nous sommes attachés. Quant au parti CPNT ( Chasse Pêche Nature Tradition) devenu Mouvement de la Ruralité, il avait servi d’auxiliaire docile aux partis en place, sans jamais convaincre ni peser sur les décisions et orientations. Espérons que la nouvelle mouture saura secouer le cocotier…

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