La religion chrétienne : un contre-pouvoir puissant face au totalitarisme progressiste ?

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Polémia ♦ Résister au mensonge : Vivre en chrétiens dissidents est un livre incontournable. Celui-ci rappelle ce qu’il est fondamental d’acquérir, de sauvegarder et de transmettre pour vivre au plus proche du réel et de la vérité dans une société aux tendances de plus en plus totalitaires notamment vis-à-vis du christianisme.

L’auteur américain, Rod Dreher, invite les croyants d’aujourd’hui à développer leur spiritualité et à relire les textes sacrés pour comprendre comment et pourquoi le monde du progrès sans limite, avec son nombrilisme, sa quête du bonheur et son rejet de toute valeur et de tout ordre transcendants, est une religion rivale du christianisme authentique. C’est pourquoi cet ouvrage, bréviaire de la réflexion sur la résistance, est à utiliser comme un outil de lutte contre le mensonge et la destruction. Car on le sait, les dissidents des sociétés martyrisées, au passé effacé et au lendemain incertain, courent le risque de connaître un funeste sort comme le rappelle cette chanson intemporelle au ton caustique, signée Guy Béart :

“Le premier qui dit se trouve toujours sacrifié D’abord on le tue, puis on s’habitue
On lui coupe la langue on le dit fou à lier Après sans problème, parle le deuxième
Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté.”

Pas de demi-mesure pour le crime de pensée selon George Orwell ! Et qu’on ne s’embarrasse pas d’une cour de justice : la culpabilité de l’accusé est immédiate et sans appel ! À l’instar des pratiques expéditives communes en URSS, ce refrain innocent du baladin français s’est mué en orgie de massacres de chrétiens orthodoxes. Au trois quart chrétien au début du XXe siècle, le pays voit s’installer au lendemain de la Révolution d’Octobre, un gouvernement communiste férocement anti-religieux qui, au nom de la justice et de la vérité, envoya à la mort 1 million de chrétiens entre 1917 et 1939. La répression fut tout aussi destructrice sur le plan architectural: sur les 30 000 églises orthodoxes, il n’en restait pas plus de 500 en 1940. Le projet bolchevik de désintégration des institutions ecclésiastiques, mais aussi de la dimension religieuse comme composante fondamentale de la société et de la communauté, demeurait, même après 1939, l’un des objectifs ultimes du pouvoir.

Mais en dépit des persécutions sanglantes, du discours public monopolisé par la propagande cherchant à couper les masses du monde réel et de l’athéisme comme seule religion, des suppliciés à la foi inébranlable tels que Alexander Ogorodnikov en Russie, Silvo Krčméry en Tchécoslovaquie, Jerzy Popiełuszko en Pologne et Richard Wurmbrand en Roumanie, contribuèrent de façon héroïque à préserver le patrimoine culturel et religieux, mais aussi à impulser le grand élan populaire qui finit par venir à bout du communisme. La Manifestation des bougies slovaque de mars 1988 en est le parfait exemple : organisée par les chefs de l’Église souterraine, elle précipita la Révolution de Velours qui allait libérer le pays de la tutelle soviétique un an plus tard.

Si le communisme s’est éteint avec la chute du mur de Berlin, Rod Dreher, qui relate les expériences de ces dissidents soviétiques, nous met en garde contre la montée insidieuse d’un régime politico-économique aux allures proches du système dictatorial soviétique. “La surenchère perpétuelle transforme le souci des victimes en une injonction totalitaire, une inquisition permanente”, prévenait René Girard au tournant du XXIe siècle tandis que les voix du progrès appelait à abattre un à un les piliers de la société traditionnelle afin d’en contrôler tous les aspects y compris la définition du réel. Niant tout ordre transcendant et contraignant, on comprend aisément pourquoi la doctrine woke est anti-chrétienne par essence. Les valeurs, le devoir, le sens du sacrifice, sont autant d’oppressions qu’il s’agit d’écarter au nom du sacro-saint plaisir égoïste. En ajoutant à ce mille feuille d’injonctions progressistes le nappage sanitaire – doublé de la loi bioéthique – préparé de façon à vider définitivement la vie de sa véritable substance, c’est même aujourd’hui pour le droit au malheur qu’il faut se battre, à l’instar de John le Sauvage du Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley. Or, refuser de souffrir, de tomber malade ou de mourir, c’est non seulement oublier notre nature humaine mais aussi la valeur de la vie. Au contraire, la peur paralyse et abandonne nombre d’hommes à la soumission. Céder à la peur c’est accepter de renoncer à la vérité. La vérité objet de résistance dans la foi et la chrétienté.

C’est à cette énonciation que Rod Dreher dédie son ouvrage. Il explique que ce qu’enseigne la religion chrétienne n’est pas de souffrir pour souffrir mais d’emprunter le chemin du courage plutôt que celui de la lâcheté et de la soumission. C’est en cela que la religion constitue un rempart à l’idéologie totalitaire portée par les nouveaux guides “éveillés”. C’est résister à la décadence ambiante mais également au christianisme perverti, lequel est devenu ce “christianisme sans larmes” dont parlait Huxley, c’est-à-dire une secte superficielle vouée au bien-être personnel et à la libération des angoisses individuelles.

En outre, ce n’est pas tant la victoire dans le combat des idées que la préservation de notre culture face à son anéantissement qui importe aujourd’hui. La croyance et la pratique de la religion sèmeront les graines du renouveau et nous rappelleront ce que nous sommes et d’où nous venons. Comme l’écrit Rod Dreher, “la mémoire, qu’elle soit historique ou autre, est une arme de la légitime défense culturelle. L’histoire, ce n’est pas seulement ce que l’on peut lire dans les manuels. Elle se trouve aussi dans les histoires que nous nous racontons sur ce que nous avons été et ce que nous sommes. Elle se trouve dans la langue que nous utilisons, dans les choses que nous fabriquons, dans les rituels que nous observons.” Se souvenir pour vivre, vivre pour se souvenir, en famille, selon les traditions et notre histoire sacrée et séculière, tout cela constitue un ciment extrêmement puissant et un acte de résistance à la pensée selon laquelle le passé n’a pas d’importance. La dictature communiste de l’ex-URSS avait, en apparence, réussi à anéantir spirituellement et culturellement les traditions populaires. Mais, le sentiment charnel et animal d’appartenance à une famille, à une communauté, à un peuple ne meurt jamais tant que subsistent deux êtres purs à même de le reproduire. La mémoire collective, la reconnaissance de la communauté, les racines sont donc une arme de choix contre la dictature de l’effacement. Rod Dreher nous montre que le refus du mensonge est possible grâce à ces foyers de résistance ancrés dans la réalité que sont la famille et la religion. Apprendre, enseigner et incarner cette foi est plus qu’une réalité objective, c’est la condition de la continuité de l’héritage humain.

Julie Petit
19/07/2021

P.S. : À l’heure où j’écris ces lignes, le Président d’une (petite) partie des Français, dans la plus grande hypocrisie totalitaire, édicte des règles sanitaires si contraignantes qu’elles rendent obligatoire l’utilisation d’un pass sanitaire pour la plus grande partie de la population française. C’est un déni démocratique, liberticide, rompant avec les plus authentiques règles de déontologie médicale qui autorisent normalement le patient à choisir librement de se faire vacciner ou non, et totalement déconnecté de l’importance de l’épidémie en cours, retirant toute autonomie et toute responsabilité individuelle aux Français, amenés à obéir aveuglément aux ordres contradictoires.

Rod Dreher, Résister au mensonge: Vivre en chrétiens dissidentsArtège Editions

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