Le « Bordeaux » en danger ?

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This aerial picture shows pickers harvesting Pessac-Leognan grains grapes during harvests on August 18, 2020, at Rouillac Castle in Canejan, near Bordeaux. - The harvest in the Bordeaux region in 2020 begins 10 to 15 days earlier compared to the year before. (Photo by MEHDI FEDOUACH / AFP)

Dans le Bordelais et dans le Languedoc, les vignerons traversent une crise de la surproduction

Financements débloqués pour distiller une partie des surplus, réflexion sur des aides afin d’accompagner les vignerons qui arracheraient leurs vignes… La filière fait face depuis des années à un mouvement de déconsommation

Alerte rouge sur les vignobles bordelais et languedociens ! Une fois de plus, la sirène de la crise a été déclenchée. Un appel à l’aide entendu par le gouvernement qui a esquissé, lundi 6 février, les grandes lignes d’un plan de soutien à ces régions viticoles secouées par une crise de surproduction.

L’Etat s’engage d’abord à apporter une aide pour tenter d’éponger les surplus de vin qui stagnent dans les cuves. L’idée est de financer une distillation du vin pour le transformer en alcool (pharmaceutique ou alimentaire). « Nous estimons le volume total de vin à distiller à 2,5 millions, voire 3 millions d’hectolitres », affirme Jérôme Despey, viticulteur dans l’Hérault et secrétaire général du syndicat FNSEA, qui détaille la ventilation par grands bassins : « Soit près de 1,5 million d’hectolitres pour le Languedoc, environ 700 000 hectolitres pour le Bordelais, le reste se répartissant essentiellement entre la vallée du Rhône et le Sud-Est. »

Les professionnels réclamaient pour cette épuration des stocks, essentiellement des rouges mais aussi des rosés, une enveloppe de 200 millions d’euros. Le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, a, pour l’instant, promis un chèque de 160 millions d’euros. L’Etat avait déboursé un montant équivalent pour une opération de distillation similaire, il y a à peine trois ans.

Forte baisse des ventes en grande distribution

En 2020, la filière viticole subissait les effets de la taxe Trump pénalisant les exportations de vins vers les Etats-Unis. Surtout, elle était bousculée par la crise liée au Covid-19. Les mesures de confinement, la fermeture des bars et restaurants et l’arrêt du flux de touristes étrangers avaient fait plonger un temps les ventes. Là encore, le Languedoc arrivait largement en tête des demandes de distillation, suivi de l’Aquitaine.

Cette fois, les professionnels évoquent la déconsommation du vin rouge en France. Une tendance qui s’inscrit dans un historique de plus d’un demi-siècle. La forte baisse des ventes en grande distribution en 2022, estimée entre 10 % et 15 %, a contribué à déstabiliser le marché. C’est le cas pour Bordeaux, qui écoule plus de la moitié de ses volumes dans les grandes enseignes. Cette région est aussi touchée de plein fouet par le décrochage de ses ventes sur le marché chinois, sa première zone d’exportation depuis 2015. « En 2022, le recul des exportations vers la Chine est de 25 % à 30 % », précise Bernard Farges, président du Comité national des interprofessions à vins d’appellations contrôlées. La question se pose : le « Bordeaux » est il en danger ?

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