Au 18ᵉ siècle, Tourny est l’intendant du roi à Bordeaux et décide de transformer l’architecture de la ville.
Mais qu’a vraiment fait celui qui est appelé le Haussmann bordelais ?
Nombreux sont les endroits à Bordeaux qui portent le nom de Tourny. Considéré comme étant le Haussmann bordelais, Louis-Urbain Aubert, plus souvent appelé marquis de Tourny, est à l’origine de la transformation de Bordeaux et d’une grande partie de l’architecture de la ville telle qu’on la connaît aujourd’hui.
Au 18ᵉ siècle, alors que les remparts de la ville sont détruits, la construction des six portes de Bordeaux débute grâce à l’architecte André Portier sous les ordres de Tourny.
À l’époque, ce dernier était l’intendant du roi Louis XV entre 1743 et 1757. Autrement dit, c’était le préfet de l’époque et c’est lui qui a lancé la plupart des grands chantiers qui ont transformé Bordeaux au 18ᵉ.
« À l’époque, Tourny avait un grand projet de transformation de la ville de Bordeaux », précise Frédéric Bechir, guide à Bordeaux.
Des places et des avenues
Avant lui, l’intendant en place s’appelait Claude Boucher et avait entamé la construction de la place royale, actuelle place de la Bourse. En s’inspirant de son travail, Tourny décide d’élargir ces transformations à la ville entière.
À la place des remparts, il construit des cours dans le but de mettre en place des grands axes de circulation qui font le tour de la ville. Il lance aussi la construction de plusieurs places sur le modèle de la place Royale : place Tourny, Gambetta, Victoire, Capucins ou encore place du Parlement.
Pour mieux s’en rendre compte, il faut aller sur la place Gambetta qui a conservé les quatre façades d’origine qui datent du milieu du 18ᵉ siècle.
Des places, dont la construction s’inspire de l’architecture parisienne de l’époque. Après la place de la Bourse, elle a été étendue sur la façade des quais telle qu’on les connaît aujourd’hui, ce qui a permis d’embellir les bâtiments situés en bordure de Garonne.
Les allées de Tourny et les Chartrons
L’un de ses plus grands projets était d’aménager une promenade et une façade connues aujourd’hui sous le nom des allées de Tourny.
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« Ce qui date de Tourny, c’est la façade du côté des Grands Hommes. Elle a été modifiée depuis mais en face de cette façade, il n’y avait rien que des arbres et des pelouses qui allaient jusqu’au château Trompette qui était sur la place des Quinconces. »
Dans la continuité, il a également souhaité relier cette partie de la ville aux Chartrons qui était jusqu’alors isolées : « Les Chartrons ne faisaient pas partie de Bordeaux, c’était un faubourg de l’autre côté du château Trompette et donc il n’y avait pas de bonnes liaisons avec la ville. »
Pour permettre de relier la ville avec l’un des quartiers les plus dynamiques de l’époque, il décida de créer le cours de Verdun, qui s’appelait auparavant le cours de Tourny, ainsi que le jardin public, anciennement jardin royal. « C’était un jardin qui permettait en contournant le château Trompette d’aller de la ville aux Chartrons et inversement. »
« C’est le Haussmann de Bordeaux »
Parmi ses innovations, on compte également le pavé des Chartrons qui correspond au cours Xavier Arnozan situé entre le CAPC et le jardin public : « On dit que ça a été la première rue pavée de Bordeaux au 18ᵉ. C’était vraiment une attraction, c’était une promenade « propre » qu’on pouvait emprunter. À partir de là, les rues pavées se sont étendues dans le reste de la ville. »
L’architecture de Bordeaux telle qu’on la connaît aujourd’hui, on la doit en grande partie à Tourny.
Aujourd’hui, il n’y a plus que la moitié des façades qui datent ou qui s’inspirent de Tourny. Cependant, il a réussi à faire évoluer la ville de Bordeaux en l’embellissant. Une prouesse qui aurait inspiré d’autres villes de France.
« Ça ressemble à ce qui se passe à Paris un siècle plus tard avec Haussmann. On refait tout l’urbanisme, on fait des allées bien droites, des façades bien homogènes. Et d’ailleurs, Haussmann a été préfet de la Gironde avant d’être préfet de Paris. Donc, il a vu ce qu’avait fait Tourny un siècle avant lui et certains disent qu’il s’en est inspiré pour transformer Paris », conclut-il.