Triste anniversaire : il y a 50 ans le « Bloody Sunday »

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Ce dimanche-là, la manifestation à l’appel d’associations pour la défense des droits civiques des catholiques a été interdite par le gouvernement de la province britannique. Laquelle est dominée politiquement, économiquement et socialement par les protestants depuis la partition de l’île en 1921.

Ils sont pourtant plusieurs milliers à défiler dans les rues du Bogside, le ghetto nationaliste de Londonderry (Derry pour les républicains) où, plus de deux ans auparavant, a commencé une révolte contre la discrimination pratiquée par le «gouvernement d’apartheid» protestant. Après des émeutes intercommunautaires et le début des «Troubles» dans la province, l’armée britannique y a été déployée à l’été 1969.

Avec à leur tête Bernadette Devlin, jeune députée catholique au Parlement de Westminster, les manifestants du jour brandissent des pancartes réclamant la fin de l’internement sans procès de militants de la communauté catholique.

Le désastre se joue peu après 16h30. La situation dégénère.

D’une voix stridente, Bernadette Devlin donne l’ordre de dispersion,  »stop, stop, go home »». Mais les paras sont sortis de derrière leurs barricades.

Une fois dans cette forteresse du catholicisme en Ulster, poursuit l’agence, manifestants et militaires disparaissent dans un dédale de petites rues misérables, mal éclairées et où depuis des années nul policier, nul soldat n’a osé pénétrer. Alors, soudain éclate le drame. On tire, on hurle, on fuit. Dans la nuit, le froid, le brouillard des gaz lacrymogènes et une atmosphère d’apocalypse.

Le bilan de la fusillade est de 13 civils tués, dont six âgés de 17 ans. Tous abattus par balles, la plupart dans le dos. Un autre blessé est mort quelques mois plus tard d’une tumeur. On relève également seize blessés, plusieurs gravement atteints.

Le silence s’est abattu sur Londonderry. La seconde ville d’Ulster s’est refermée sur elle-même. «Derrière les façades décrépites des maisons du Bogside, battues par le vent, les gens se sont cloîtrés dans la peur et la haine», écrit l’AFP au lendemain de la tuerie.

Pour les habitants, il ne fait aucun doute que les parachutistes ont «perdu la tête» et tiré sans discrimination sur tout ce qui bougeait. Bernadette Devlin affirme, elle, que «ce fut un massacre collectif commis par l’armée britannique». Denis Bradley, un prêtre catholique témoin de la tragédie accuse les parachutistes d’avoir tiré «aveuglément» et «presque avec plaisir» sur la foule.

Un député au Parlement de l’Irlande du Nord Ivan Cooper, déclare que les soldats ont tiré sur lui alors qu’agitant un mouchoir blanc, il tentait de porter secours à un blessé.

Un porte-parole de l’armée assure de son côté que les soldats ont répondu à des tirs de manifestants armés, désignant les «terroristes» de l’IRA. L’organisation clandestine – qui verra les adhésions affluer -, se défend d’avoir provoqué le «massacre» et annonce des représailles.

La version de l’armée, largement reprise dans les conclusions très contestées d’une enquête menée à la hâte en 1972, a finalement été contredite dans un rapport d’enquête publié en 2010.

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