Le piège se referme sur la macronie !

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Ce 21 juin, le gouvernement d’Élisabeth Borne, affaibli par la claque infligée au parti macronien, a déjà renoncé à se réunir en conseil des ministres.

Or, un tel signe parfaitement significatif du désarroi du pouvoir d’État intervient à un moment où des décisions cruciales vont devoir être prises, notamment sur le plan des orientations budgétaires et des comptes sociaux. La conjoncture internationale n’attendra pas.

Nous sommes entrés dans le piège de la dette à un moment où à la fois les taux d’intérêt remontent, alors que la hausse de l’effort militaire s’impose et que les prix flambent.

Le marin d’eau douce Emmanuel Macron, discrédité à l’international, rejeté par de nombreux Français, croit peut-être encore se poser en maître des horloges. Celles-ci tournent sans lui.

Le 14 juin, en effet, pour la première fois depuis décembre 2013, le taux d’intérêt payé par l’État italien pour ses obligations à 10 ans dépassait le niveau de 4 %. L’inquiétude de la planète financière cessait d’être cantonnée à quelques spécialistes.

Un article éclairant de Simone Wapler, publié par Contrepoints ce 17 juin, met en regard, à cette même date du 14 juin, l’écart de taux d’intérêt payé par les États européens sur le marché obligataire.

Entre la France et l’Allemagne ou les Pays-Bas, cet écart était encore négligeable en 2021. On empruntait à taux zéro, depuis plusieurs années.

Or, le taux pour la France est passé en 6 mois à 2,28 %.

L’écart entre la France et l’Allemagne est aujourd’hui de 0,61 % et il ne peut que s’aggraver. Le ministre allemand des Finances Christian Lindner a clairement rappelé en janvier le retour de son pays à la discipline monétaire qui a fait sa force depuis 1949.

L’État central parisien, aujourd’hui, n’est pas seulement surendetté : il s’est surchargé de subventions récurrentes jamais vraiment comptabilisées telles que la dette ferroviaire ou les pensions de retraite versées aux fonctionnaires en l’absence de caisses, etc. Comme l’audit est réalisé par la Cour des Comptes, parfois pertinente par ailleurs, il ne faut pas trop compter sur ses magistrats pour pointer ce type de problèmes.

Les privilèges de notre haute administration resteront le secret de notre république.

Or, le calendrier se précipite.

La Banque centrale européenne annonce pour le 1er juillet la fin du rachat des dettes des États. Actuellement cela représente une masse de 2 775 milliards d’euros, largement contraire aux principes fondateurs de l’union monétaire et aux statuts de la banque.

Il est évidemment erroné en effet de croire, comme on l’entend dire trop souvent, que les États aujourd’hui ne rembourseraient jamais leurs dettes et qu’ils se contentent de les reconduire.

Au contraire, la gestion du passif d’endettement fonctionne comme une tâche constante des administrateurs financiers. Et, sur le plan technique, il peut sembler que les prestidigitateurs de Bercy ne s’en sortent pas trop maladroitement, en dépit du caractère malsain de l’exercice. Ils jonglent avec les taux et se faufilent, presque trop bien, au milieu d’échéances de plus en plus lourdes.

Une petite correction stylistique s’impose ici. Elle ne change rien au fond du papier cité plus haut : à lire que « l’écart de taux signifie qu’il devient plus risqué de prêter à certains pays qu’à d’autres » on pourrait confondre la cause et l’effet. C’est le risque en effet, celui de la banqueroute ou du défaut de paiement de l’emprunteur qui alourdit le coût du crédit. Si les marchés financiers redoutent cette hypothèse maintes fois advenue depuis deux siècles, c’est bien que le remboursement fait partie de la règle.

La crise de la zone euro en 2010 a été focalisée sur le cas de la Grèce parce que ce pays pouvait alors faire figure de mouton noir. Pendant une longue période on vit donc débarquer à Athènes, une troïka de technocrates porteurs de leurs attachés-cases. Supposés représenter les créanciers, ils imposèrent des législations baptisées réformatrices, les unes ridicules voire odieuses les autres éventuellement nécessaires ou salutaires, souvent hors-sol.

Le peuple grec cobaye de l’expérience a payé très cher, par un recul de 30 à 40 % de son niveau de vie l’incurie du PASOK, importateur local depuis les années 1980 du modèle Mitterrand.

En réalité l’onde de choc a frappé aussi les trois autres pays du sud, Italie, Espagne et Portugal et elle a atteint l’Irlande. La France s’est trouvée épargnée, pour des raisons largement politiques. Elle n’échappera probablement plus à ses obligations remontant au traité de Maastricht de 1991, ratifié en 1992, complété à Amsterdam en 1997 etc.

Par conséquent ce n’est peut-être pas sur le seul cas de la Grèce que les Français devraient réfléchir, notamment parce que leur fausse information s’agissant de ce pays les empêche de voir ce qu’il s’y est effectivement passé, il y a 12 ans, et depuis 2019 : ce 15 juin en effet, le Premier ministre Mitsotakis pouvait souligner : « Le cycle de 12 ans de souffrance et de douleur pour la société grecque se termine désormais officiellement avec la sortie du pays du régime de surveillance renforcée en août et l’obtention de la note d’investissement, un objectif que je considère pleinement réalisable dans les 6 premiers mois de 2023. » Ceci en très grande partie grâce au retour au pouvoir d’une droite aux objectifs clairs.

Il existe donc une vie après la banqueroute. La France l’a vécue, notamment, conséquences de la folie des assignats, sous cette Révolution que l’on continue d’admirer.

Alors, le défaut de paiement était décrété ouvertement.

Au lendemain de la première guerre mondiale, l’on a fait croire aux Français que l’Allemagne paiera. Par la suite en effet, des situations de quasi-faillite sont apparues mais les gouvernants successifs se sont employés à en dissimuler la gravité, ce qui permit de différer les réformes qui eussent été nécessaires. Hélas pour la Macronie, ce jeu n’est plus possible et c’est sur son incapacité à réformer, – à réformer vraiment, – que se jouera ce deuxième et fragile quinquennat.

Petite-chouette

JG Malliarakis , L’Insolent https://www.insolent.fr/2022/06/le-piege-se-referme.html

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